Vous avez beau connaître les hobbits et penser tout savoir d'eux, ils peuvent encore vous surprendre..." ~~ Gandalf, Le Seigneur des Anneaux, La Communauté de l'Anneau
Le soleil se levait, dardant ses premiers rayons qui semblaient rebondir sur la rosée du matin en créant une multitude d'arcs-en-ciel. Penedhryn arrêta son cheval pour mieux contempler la beauté de ce paysage, presque comparable à la fascination qu'exerçait, sur lui comme sur bien d'autres elfes, la mer et sa force tranquille. L'elfe ne ressentait aucune présence en ce lieu, ni ennemie, ni amicale, juste un calme extraordinaire... Et propre à la Comté avant 9h du matin pensa-t-il avec un sourire, l'heure où les hobbits les plus vaillants s'arrachaient à leur deuxième petit-déjeuner afin de préparer le nécessaire pour la collation...
L'elfe se remit en route, bercé par la quiétude de ce lieu, et guidé par les rayons du soleil montant dans le ciel. A vrai dire il ne savait pas exactement ce qu'il faisait ici, il avait le vague souvenir d'un cri, et d'une fuite, et il sentait son cheval fatigué sous lui. Il mit lentement pied à terre et attrapa la bride de son cheval et se remit à marcher, sans réel objectif. Le paysage fascinant agissant comme un doux remède aux douleurs qu'il percevait dans son propre corps. Il lui semblait alors que la douce Karakedi du refuge d'Imladris se penchait sur ses blessures et faisait usage de ses baumes et onguents dont elle avait le secret, restaurant ainsi toutes ses forces au champion elfique. Il sentait ses pensées dériver doucement au gré des vents de son esprit sans qu'il puisse véritablement les saisir ; il se sentait glisser vers un état de somnolence dans lequel il se réfugiait souvent après un combat pour récupérer de ses blessures physiques et morales. Car l'elfe détestait plus que tout donner la mort, même face à un orc, car après tout, il ressentait encore chez ces créatures des trâces des elfes qu'ils avaient été...
Mais sa mémoire semblait lui jouer des tours, et il n'arrivait plus à saisir quelque souvenir que ce soit de la journée précédente, comme si, pour se protéger, son esprit avait décidé d'oublier, de tout oublier, et de se perdre dans la contemplation des collines verdoyantes de cette partie de l'Eriador, à l'écart des soucis du monde des "grandes gens" comme l'on disait parfois.
La route marquait en cet endroit une forte courbure le long de l'une de ces collines, et l'elfe la suivit sans vraiment y prêter attention...
"TANG, TANG, TANG"
Soudain, tout sembla se remettre en route, les souvenirs affluaient, comme si la barrière mise en place par son esprit venait de céder, libérant d'un seul coup tout les souvenirs de la veille. Il voyait défiler pêle-mêle un feu de camp, des lumières dans la nuit, le bruit des épées que l'on tirait et celui du choc du métal contre le métal...
"Namaer", s'écria-t-il.
Tout revenait à lui en cet instant, depuis leur départ du refuge de Fondcombe 5 jours plus tôt, jusqu'à l'attaque de la veille. Il avait voyagé avec son compagnon de toujours, un elfe nommé Namaer Elandred, forgeron et artisan connu de tous dans la vallée de fondcombe et même au-delà. Tout s'était bien passé jusqu'à l'arrivée des orcs. Ils leur étaient tombé dessus d'un seul coup, mais si rapidement que tout portait à croire qu'ils n'étaient pas arrivés là par hasard, et...
"TANG, TANG, TANG"
A nouveau ces coups de marteau, et cette fois, ils semblaient si proche. Pourtant Penedhryn avait l'impression qu'ils étaient de simple souvenir de son ami Namaer forgeant une nouvelle épée. L'elfe avait du mal à démêler le réel de l'imaginaire et tout s'embrouillait dans son esprit confu.
"Veuillez m'excusez vot'seigneurie, mais j'vous avais pas vu v'nir, vous faites tellement peu de bruit avec vot' bête là. Jsuis vraiment désolé pour les coups'd'marteau, mais jdois réparer ma charrette moi, ya une fête chez l'vieux Fierpied ce soir et j'raterais ça pour rien au Monde. Mais jdois amener ma p'tite famille, alors faut que cette maudite carriole soit prête pour ce soir."
Le hobbit s'arrêta enfin de parler, puis il leva vraiment les yeux et regarda le voyageur pour la première fois. Il poussa un juron qui aurait choqué sa femme et s'exclama :
"Ca alors, sauf vot'respect msieur l'elfe, y a de drôles de choses qui s'passent en ce moment par ici pas plus tard que c'matin quand jme suis l'vé j'ai entendu des bruits bizarres, des cris rauques et le galop d'un cheval poussé à bout msieur. Jme suis dis mon vieux Dinodas tu devrais te l'ver pour voir ce qui s'passe dehors. Mais c'est ma p'tite femme qui m'a r'tenu, elle m'a dit comme ça : "Dinodas Sanglebouc, si tu te lèves maintenant, tu ne sais pas ce qui peut t'arriver, qui sait jusqu'où tout cela peut aller..."; alors jsuis resté dans mon lit en attendant que ça finisse mais comment vous dire... Je suis pas très rassuré vot' seigneurie"
L'elfe sourit, en écoutant le hobbit parler. Les hobbits apportaient toujours avec eux cette touche de fraîcheur dans la conversation, d'innocence aussi et d'insouciance, qui faisaient que l'elfe se sentait mieux. C'était une race jeune et paisible qui se tracassait peu des soucis des autres, et vivaient protégés dans leur Comté bien aimée. Penedhryn n'avait jamais eu l'occasion de rencontrer un hobbit personnellement mais de nombreux elfes lui en avaient déjà parlé, et sa curiosité naturelle était la plus forte, il avait envie de continuer à l'écouter parler. Ce qui n'était pas pour déplaire au hobbit dont la langue courait au moins aussi vite que ses pieds. L'elfe fut interrompu dans ses rêveries par la voix du hobbit qui continuait :
"Et puis voir un elfe, enfin j'veux dire, moi, voir un elfe. Après tout c'est vrai, je n'suis que Dinodas Sanglebouc, même pas un ancien, j'ai rien d'particulier, jsuis un hobbit normal qui s'occupe de son jardin, de sa famille. Jsuis pas un de ces Touques, courageux comme pas deux ceux-là, toujours à fourrer leur nez dans les affaires des grandes gens..."
Le hobbit arrêta de parler en voyant le voyageur ouvrir la bouche. Instinctivement il plaça ses bras au-dessus de sa tête, craignant par-dessus tout que l'elfe ne lui jette un sortilège pour le punir de sa langue trop pendue. Mais il n'en fut rien, Penedhryn dit d'une voix douce :
"Ne crains rien jeune hobbit, je n'ai nullement l'intention de te jeter un sort, d'ailleurs je n'en ai pas les capacités, je suis un combattant, et mon épée seule peut me défendre face à mes ennemis."
Il s'exprimait dans le langage commun facilement, mais sa voix gardait la douceur et la fluidité du langage Sindarin. L'elfe parlait tout en caressant la crinière de son cheval, tissant ça et là de fines tresses dans sa crinière et murmurant des mots de réconfort que le hobbit ne saisissait pas.
"C'est à dire, msieur l'elfe, que avec ma femme nous avons eu assez d'agitation cette nuit pour le restant de nos jours. Vous comprenez, il nous était jamais arrivé d'avoir pareil raffut par ici, et nous sommes assez loin de hobbitbourg ici si vous voyez c'que j'veux dire. On a eu peur qu'ils passent par ici, les enfants étaient terrorisés!"
"Tu as bien fais de ne pas sortir, car selon toute vraisemblance, il devait s'agir d'un groupe d'orcs qui pourchassait un de mes amis."
"Un autre elfe vot'seigneurie?"
"C'est exact, un autre elfe. Pourrais-tu par hasard m'indiquer la direction qu'ils ont pu prendre?"
La façon dont Penedhryn s'adressait au hobbit semblait déstabiliser celui-ci qui ne comprenait pas pourquoi une telle créature le tutoyait. Mais Penedhryn avait appris dans sa jeunesse combien le respect envers les autres races était important, et que nul n'était supérieur à un autre. Son nom entier était Penedhryn Forodren, ce qui signifiait dans le langage commun "L'orphelin du Nord". Il avait été recueilli par un groupe d'Hommes, des Lossoths originaires de la contrée glacée de Forodwaïth qui l'avait secouru, protégé et élevé avant qu'il ne reparte vers le Sud et n'arrive après maints voyages au refuge d'Imladris où il s'était établi. Il ne voyait aucune raison à ne pas tutoyer le hobbit qui méritait comme tout autre d'être respecté.
"Mieux qu'ça msieur l'elfe, j'peux même vous montrer là où ils doivent être en ce moment. Avec la direction qu'ils prenait ils doivent être coincés en ce moment même à l'entrée de la forêt qui longe la bordure du pays de Bouc, et si votre amis est malin, il a du s'y réfugier, car les orcs sont effrayés par cet endroit. On dit parfois lors des soirées que les arbres qui y vivent peuvent murmurer, parler entre eux, et même se déplacer..."
"Bien sûr ce ne sont que des sornettes pour les jeunes hobbits..."
Une dame hobbite venait de sortir par la porte ronde
"Que je t'y reprenne à parler avec des amis au lieu de réparer la charrette, nous avons beaucoup à faire aujourd'hui, Dinodas, alors ne commence pas à perdre ton temps à raconter des balivernes!"
Puis elle leva elle aussi les yeux et vit que le visiteur n'était en aucun cas un amis de Dinodas, elle ouvrit grand la bouche, mais aucun son n'en sortit. Elle restait là comme tétanisée par un quelconque maléfice, frappée de stupeur. Puis ce fut comme si la vie jaillissait de nouveau en elle...
"Que je t'y reprenne à parler avec des étrangers, faignéant. De quoi parlais-tu encore? Des évènements de cette nuit? Tu sais très bien qu'il n'y a pas là matière à se vanter et que tu devrais avoir honte de ton comportement. Nous avons assez de soucis comme ça, inutile de chercher des complications. Quant à vous voyageur, grandes oreilles ou pas, qui que vous soyez, vous allez nous faire le plaisir de déguerpir avant que je ne sorte ma fourche!"
Amusé par tant de courage et de fierté, l'elfe pressa le pas et retourna sur ses pas. Si le hobbit disait vrai, il pourrait sûrement retrouver des traces de la poursuite car il restait encore en lui des talents de pisteur qu'il avait su développer lors de ses voyages. Il avançait lentement dans la chaleur croissante quand il entendit un bruit de course derrière-lui.
"Vot'seigneurie, ne partez pas!"
Il s'agissait du hobbit nommé Dinodas, qui courait après lui. Avec ses petites jambes, le hobbit peinait à rattraper les grandes foulées de l'elfe. Lorsqu'il arriva enfin à son niveau, le hobbit haletant mis un bon moment pour reprendre son souffle, et on voyait bien que l'exercice physique n'était pas pour lui quelque chose de familier. Il reprit, le discours de temps en temps haché par une longue respiration.
"Faut excuser Berna, ma femme, elle a vraiment eu peur cette nuit, et elle sait plus trop c'qu'elle dit ni à qui elle s'adresse. Mais si vous l'désirez j'peux vous guider à travers le pays. Sauf vot'respect msieur, j'pense que je serai plus rapide que vous à r'trouver leur trace parce que j'connais c'tendroit mieux que n'importe qui, et je suis sûr que je pourrai même tromper un de ces Rodeurs qui gardent la frontière en pensant que personne ne les voit, mais moi j'les ai bien vu, et j'ai bien compris leur p'tits tours."
L'elfe était de plus en plus surpris par ce hobbit. Tout portait à croire que plus les choses allaient à l'encontre de ce qu'il pensait, plus il s'obstinait et montrait ses talents. Le plus étrange était qu'il avait remarqué que les Rodeurs protégaient la Comté, alors qu'ils agissaient si discrètement. Sans vraiment en être conscient, son estime pour le petit hobbit grimpait de plus en plus.
"Faudrait qu'on s'dépêche de partir m'sieur, pour que jsois de retour avant le 11 heures. J'ai dis à ma femme que j'allais chercher des champignons pour le déjeuner."
Le hobbit commença à presser le pas et coupa rapidement par un champ de maïs qui le cachait entièrement à le vue, et l'elfe le suivit. Ils marchèrent ainsi pendant une longue heure, échangeant quelques paroles sur les leurs, le hobbit parlait moins qu'à l'accoutumée, car il devait marcher fort rapidement pour ne pas retarder l'elfe.
"Vous comprenez, c'est pas qu'nous soyons tout le temps affamés de par chez nous, mais on aime le bon manger, et nous avons pris l'habitude de manger ainsi... J'voudrais pas déranger vot'seigneurie mais il est 10 heures et j'marrêterais bien pour déguster un de ces épis qui ont l'air mûrs à point."
Le hobbit tendit le bras pour attraper un épis, mais avant qu'il n'ait pu s'en saisir un paquet atterrit dans sa main. Il observa attentivement ce qu'il venait de recevoir. Enrobé dans une grande feuille se trouvait une sorte de biscuit, que le hobbit, malgré son amour pour la nourriture n'avait encore jamais vu...
"Du Lembas"
Fût la seule réponse de l'elfe qui avait deviné le trouble du hobbit et tenait à répondre à la question qu'il n'osait poser.
"Cela devrait te permettre de tenir jusqu'à 11 heures très largement, quelques bouchées suffisent à rassasier un voyageur fourbu et affamé. Tu as beaucoup de chance car rares sont les non-elfes qui ont pu en goûter, et encore plus rares sont les hobbits qui y ont touché."
N'écoutant que son apétit, le hobbit mordit dans le biscuit à belles dents, et engloutit en un rien de temps le morceau que l'elfe lui avait tendu. Celui-ci resta bouche-bée, jamais auparavant n'avait-il rencontré quelqu'un capable de manger autant de Lembas sans être véritablement affamé. Décidément, les hobbits étaient pour le moins... surprenant.
Enfin, une longue ligne d'arbres, hauts et sombres se profila à l'horizon, et l'elfe entendit le hobbit lui expliquer, entre deux bouchées d'un épi de maïs qu'il avait tout de même cueilli avant de manger sa part de Lembas :
"Nouch y foila..." Il avala une belle bouchée, "J'espère que votre ami se sera réfugié dans la forêt et n'aura pas poursuivi le long de la lisière sinon il risque de se retrouvé bloquer par la rivière. Au cas où les drôles de créatures qui le poursuivaient seraient toujours là, j'ai pris ma fourche, on n'est jamais trop prudents si vous voyez c'que j'veux dire."
L'elfe sourit et caressa le manche de son épée avec l'index, il avait maintes fois combattu aux côtés des gardiens de la vallée d'Imladris et était devenu un spécialiste du combat, un champion comme le disait les Hommes; mais ce qui l'avait maintenu en vie, c'était cette sorte de répulsion pour le combat qui l'empêchait d'oublier toute prudence et de foncer tête baissée dans la bataille. Il préfèrait la défense à l'attaque et toutes ses tactiques se basaient sur la défense avant tout. On entendait déjà le cri des orcs, ce qui rassura en partie Penedhryn : le hobbit avait raison, Namaer avait dû réussir à se réfugier dans la forêt. Du haut de la colline sur laquelle il se trouvait il s'étonna que les orcs soient toujours là à pourchasser Namaer, en plein jour et en territoire inconnu... Ce qui renforça la certitude que cette attaque n'avait rien de hasardeuse. Il vit les cadavres de 2 orcs qui avaient répandu leur sang sur l'herbe pure de la plaine. Namaer n'avait rien perdu de son talent de guerrier.
Alors qu'il commençait à réfléchir à la meilleure façon de prendre les orcs par surprise, il entendit un hurlement à côté de lui, et releva la tête... pour voir le hobbit s'élancer en direction des orcs en hurlant, la fourche brandie.
Et Penedhryn n'était pas au bout de ses surprises, mais ceci... était une autre histoire, celle de Namaer Elandred le forgeron d'Imladris.
Ok child j'ai zaapé ^^
Kid toi tu sors
@ Mister M : Tant que tu me l'as demandé gentillement je te dirais oui
Va-y fait toi plaisir ^^