Fanatiques... (Star Wars, R.F.E, GC2-1)

H-RP : .............. (ça veut dire que je sais pas quoi dire)

Je vais seulement dire : tu gère

Un soleil couchant radieux illuminait le ciel rouge et dégagé de Kker au moment où le navire personnel du Seigneur Impérator se posa au cœur de la cité. La ville était loin d'être comme neuf, mais elle était déjà dans un bien meilleur état qu'au moment où Impérator l'avait quitté. Il descendit du vaisseau, accompagné de ces quelques gardes et secrétaires. Le général Bliss avec son habituel cigare à la bouche, l'attendait avec plusieurs officiers.
-Avez-vous fait bon voyage? Demanda-t-il en s'approchant et en faisant le salut militaire.
-Oui, je vous remercie. Rapport? Où en sommes nous dans les réparations?
-Nos hommes travaillent chaque jour avec beaucoup de courage et de volonté. Les réparations avancent bien. Nous avons dégagés toutes les rues des débris et des cadavres. La ville a été nettoyée de fond en comble, et il y avait du travail! Je crois que les anciens occupants avaient oublié de faire le ménage avant de quitter la ville...
Comme le général remarqua l'œil sombre et impatient du seigneur Impérator, il décida de laisser de côté cet humour, qui faisait pourtant sa renommée au sein de l'armée, au même titre que ses cigares et son attitude désinvolte.
-Kker retrouve une vie active. Les commerces de base ont réouvert. La ville pourra bientôt accueillir une population importante et assurer son autonomie. J'ai prévenu le camp de ravitaillement qu'il était inutile de nous apporter des vivres, il y a tout ce qu'il faut ici.
-Parfait! Et les Chevaliers, aucun problème avec eux?
-Non... Non... Ils sont discrets, silencieux. A part leur chef, je n'ai eu de conversation avec aucun d'entre eux. Ils sont disciplinés et obéissent aux ordres de leur maitre avec rapidité et honneur, des militaires comme on les aime! Ils nous ont bien aidé dans la reconstruction de la ville. Par contre, ils sont d'un silencieux! Pas moyen de les dérider ou même de voir leurs visages! Ils sont efficaces, certes, mais si vous comptez organiser une fête un de ces jours, vaudrait mieux contacter d'autres gens! Ils ne quittent jamais leurs armures, ils se tiennent toujours droit, à croire qu'on leur a mis un manche à balai dans le... Hum! Enfin... aucun problème.
-Où puis-je trouver leur chef?
-Dans le temple impérial.
-Le temple impérial?
-Oui! Ça fait plusieurs jours qu'Elwige Serduss, leur chef essaye de me convaincre d'ordonner la création d'un temple dédié à l'Empereur... J'avoue avoir été un peu surpris par la demande, c'est pas vraiment le genre de projet qui me traverse l'esprit quand je me réveille le matin! Comme j'ai vu que ça avait l'air de lui faire réellement plaisir, je lui donné l'autorisation de créer son temple. Depuis, je ne l'ai pas revu...
-Il est où ce temple?
-Il s'agit de l'ancien bâtiment du grand marché. Vous le trouverez facilement, ils ont posé des dizaines de drapeaux sur le toit, pas moyen de le louper!

Impérator se mit aussitôt en route, seul. Il marcha pendant une dizaine de minutes et profita de sa balade pour découvrir un peu la ville. Les bouquins d'Histoire ne mentaient pas, Kker était magnifique, plus encore maintenant que les rues étaient bien propres. Une fois que tout les bâtiments seraient reconstruit, elle serait resplendissante! Il atteignit enfin ce qui pouvait ressembler à un temple impérial. Il y avait effectivement des drapeaux de l'Ordre accroché un peu partout autour de la place du vieux marché. Des Chevaliers gardaient l'entrée du nouveau temple. Le seigneur Impérator s'avança d'un pas prudent vers la porte du grand bâtiment. Les soldats n'avaient apparemment pas d'oppositions à ce qu'il rentre dans le temple, il passa donc la porte. Le marché intérieur était particulièrement vaste. Les chevaliers s'étaient déjà chargés de le décorer à leur façon, ils n'y étaient pas allé de main morte! La décoration était tellement lourde, tellement étrange qu'une description serait irréalisable.
Impérator s'approcha d'Elwige Serduss, maître provisoire de l'Ordre. Lorsque ce dernier l'aperçut, il s'inclina avec beaucoup de respect et demanda:
-Vous avez réussi, mon seigneur?
-Voici des papiers officiels, signés au nom du R.F.E et du Grand Conseil, mettant à votre disposition mon armée et ma flotte. Vous devenez également nos alliés, vous pouvez désormais réclamer notre hospitalité n'importe où, nous vous l'offrirons.
-Merci, seigneur, mille fois merci! Vous ne le regretterez pas! L'Ordre, une fois réuni, protégera l'Empire comme son enfant.
-Merci à vous, chevalier. Mais nous sommes loin d'avoir fini. Il me semble que nous avons une guerre à mener contre les autres chevaliers...
-Nous devons d'abord vous faire chevalier, seigneur Impérator. C'est le seul moyen pour vous de devenir notre maître.
-Très bien... mais que faut-il faire?
-Il nous faut un temple sacré. Votre adoubement ne sera légitime que s'il se déroule dans un temple impérial sacré. Le problème est que...
-Nous n'avons pas de temple sacré sous la main?
-Non!
-Et alors? Nous ne pouvons vraiment pas faire sans?
Le chevalier sembla s'indigner devant une telle suggestion, Impérator ne le remarqua pas à son visage, caché par un casque, mais par le petit sursaut qu'eut le grand guerrier en l'entendant.
-Voyons, mon seigneur! C'est impossible! Nous ne pouvons violer nos traditions. Mes hommes ne vous suivront pas, il nous faut un maître légitime. Non, il faut nous rendre dans un temple sacré, pas d'autres solutions.
-Mais où en trouver un? Vous le savez?
-J'en connais un, oui. Mais il se trouve sous le contrôle de l'un des trois princes, le plus jeune et le plus faible d'entre eux, le prince Xsezor. Nous ne pouvons vous faire chevalier tant que nous n'aurons pas repris ce temple!
-Et bien... une armée se tient à votre disposition. Mes hommes combattront avec vous, cela vous suffit?
-Oui.
-Alors en route!


H-RP: Suite plus tard... Désolé, pas forcément très intéressant ce passage.

Les plages de Simnor étaient bien silencieuses cette nuit. Seul le bruit des vagues se brisant contre les récifs et mourant sur le sable frais et blanc rompaient ce silence. Les trois lunes de Simnor dégageaient une clarté importante sur les longues plages, aussi, il était particulièrement difficile pour les deux silhouettes noires qui arpentaient la plage d'un pas rapide et discret de rester invisibles aux éventuels guetteurs qui pourraient se trouver là. Leur démarche et leur façon de s'arrêter quelques secondes derrière chaque gros rocher indiquaient clairement qu'ils ne tenaient pas à être vus. Leur petit manège continua quelques minutes, enfin, ils s'arrêtèrent derrière un rocher particulièrement gros et restèrent immobiles. Le plus grand des deux s'appuya sur le rocher et sortit une paire de jumelles. L'autre attendait, le dos contre le rocher, il reprenait son souffle.

-C'est ici. Affirma le premier à l'adresse de son compagnon, en observant avec ses jumelles le sommet d'une falaise qui avait l'étrange particularité de rejoindre un autre grand rocher en formant un pont naturel au-dessus de la mer.
Un énorme édifice avait été construit sur ce gros rocher. La lumière des lunes se reflétait sur le toit et la façade est, permettant aux deux rôdeurs de voir sans trop de difficultés les étranges fresques qui recouvraient le mur de ce grand bâtiment.
-Jamais vu un truc pareil! S'étonna l'homme aux jumelles.
-Quoi donc? Demanda l'autre.
Il prit les jumelles et regarda longtemps.
-C'est étrange... on dirait des fresques... et tu as vu la colonne? On dirait un homme recouvert de métal! Ca doit être ça.
-Oui. Ca correspond au signalement en tout cas. Je n'ai jamais vu de temple impérial, mais ça doit ressembler à ça!
-Alors?
-Alors quoi? On les préviens! Installe les émetteurs comme convenu. Pas trop prêt ici, s'ils prennent la flotte ils ne marcheront pas.
-Quelle idée de nous mettre ici, les pieds dans l'eau?!
-Dépêche-toi!
Aussitôt, l'homme s'éloigna et sortit de son sac plusieurs petits appareils qu'il posa avec grand soin sur la sable à divers endroits à distance égale, puis les activa à l'aide d'une télécommande. Les appareils émirent un long sifflement et se mirent à clignoter.
-Tu peux les contacter, j'ai mis les balises en place.

L'autre sortit alors un petit objet ovale et pressa un bouton. L'appareil cracha un long grésillement désagréable, avant d'émettre une voix d'homme qu'on entendait très mal à cause de la piètre qualité du son.
-Ici Commandement. Nous captons très mal
-Ici éclaireurs. Nous avons trouvé le temple. Il doit produire des interférences avec nos émetteurs. Mais les balises marchent, les visualisez-vous?
-Nous les voyons. Pouvons-nous intervenir?
-Il n'y a apparemment pas de sentinelles. Je pense que vous pouvez venir sans soucis. Pas de surveillance maritime non plus. Mais soyez quand même discret! Terminé.

-Discret! Intervint l'autre en se rapprochant, d'un air moqueur. Comme s'ils pouvaient être discrets! Tu as vu la luminosité dégagée par ces lunes? Faudrait les détruire si on voulait vraiment être discret! Je ne vois pas comment on va pouvoir faire traverser la plage à deux cents hommes et cinq chars d'assaut sans être vu!
-Regarde donc la mer!
-Quoi? Je ne vois rien...
-Attend un peu, cherche bien.

Il indiqua un endroit précis du doigt. A cet endroit, la mer semblait envahie par une dizaine d'énormes poissons. Des milliers de bulles éclataient à la surface. Des vagues allaient contre le courant. Il y avait quelque chose qui se déplaçait sous l'eau, ça ne faisait aucun doute. La chose, ou plutôt les choses, se rapprochaient à grande vitesse de la plage.
-Des sous-marins!
-Qu'est-ce que tu crois? L'armée hyporienne est loin d'être dépourvue en matière de débarquement surprise!

Une vingtaine d'énormes bacs métalliques complètement fermés surgirent de l'eau et s'échouèrent sur la plage avec force, soulevant une quantité de sable considérable, si bien que les deux éclaireurs ne voyaient plus rien. Heureusement, le bruit des vagues cognant contre les récifs au pied du temple avaient masqué le bruit produit par le fracas de ces espèces de boîtes de conserve sur le sable. Les occupants du temple ne semblaient avoir rien entendu. Ebahis, les deux éclaireurs s'éloignèrent, un peu, craignant d'être écrasés par les lourdes portes des bacs qui s'abattaient sur le sable, libérant chacun une dizaine d'hommes armés et plusieurs véhicules lourds d'assaut dont les moteurs rugissaient. Le seigneur Impérator sortit également d'un de ces bacs, accompagné d'Elwige Serduss et des trente chevaliers qui les avaient suivi.
Impérator donna plusieurs ordres à ses officiers, qui se hâtèrent d'organiser les soldats.

Le temple, battit au sommet d'un gros rocher dans la mer, à plus de vingt mètres au-dessus du niveau de l'eau et à au moins trente mètres de la plage, n'avait qu'un seul accès: ce grand pont de roches particulièrement étroit et dangereux à traverser.
-C'est bien ça? Demanda Impérator à Serduss.
-Oui, mon seigneur. Voici le temple impérial sacré où je vous ferais chevalier... une fois qu'on aura récupéré l'endroit!
-Bien... Préparez vos hommes, nous allons lancer l'assaut.
-Souvenez-vous qu'il ne faut pas tuer le prince Gloros. Nous devons le capturer et le garder auprès de nous le temps que je vous fasse chevalier pour que vous puissiez le vaincre en duel réglementé. Si nous le tuons avant, nous devrons vaincre tous ses hommes, il y aura très peu d'espoirs de voir d'autres chevaliers rejoindre notre cause.
-Etes-vous sûr que battre le prince en duel sera suffisant? Même si je parviens à le vaincre, n'y a t-il pas un risque que ses hommes continuent à se battre?
-Non! Notre code est très clair là-dessus. Ils se joindront à vous si vous battez leur chef en combat singulier en suivant les règles, pas autrement. Et songez que chaque chevalier qui mourra contre nous maintenant nous fera un homme de moins pour défendre notre cause plus tard. Essayez donc d'être rapide et efficace.
-Bien. Vous et vos hommes, vous vous chargerez de trouver et capturer le prince, lorsque nous aurons réussi à entrer dans le temple.
-Ne détruisez pas le temple!

Impérator s'éloigna, laissant le chevalier préparer ses guerriers. Il s'approcha de ses officiers.
-Quand lançons-nous l'assaut? Demanda un colonel.
-La section de reconnaissance est-elle prête?
-Oui, monsieur. Nous pouvons l'envoyer dès maintenant.
-Parfait! Qu'ils aillent s'assurer que la voie est libre et...
Impérator s'interrompit. Un bruit sourd, une détonation, résonna un peu plus loin, provenant du temple. Le rocher s'illumina d'un coup d'une vive lumière rouge. Un long rayon rouge partit de la falaise et heurta un rocher de plein fouet, manquant Impérator de peu. Le rocher explosa sous le choc, projetant tout autour de lui des éclats de roches aussi tranchants que des couteaux.
-Ils nous ont repéré! S'exclama l'un des officiers.
-Lancez l'assaut!

Des coups de sifflets retentirent alors sur la plage, indiquant aux hommes qu'il fallait avancer, que l'attaque commençait. Un peu surpris, les hommes suivirent leurs lieutenants, fusils blasters à la main, en chantant pour se donner du courage. Une nouvelle détonation retentit. Cette fois, le tir d'artillerie fit mouche, le laser atterrit en plein dans la première linge d'attaque et tua au moins cinq soldats.
-Il faut absolument détruire cette pièce d'artillerie!

-Les chars ne pourront traverser le pont, il est trop étroit, monsieur.
-Alors qu'ils essayent de se rapprocher au maximum du temple et qu'ils concentrent leur feu sur la pièce d'artillerie. Faites extrêmement attention au temple, il ne doit pas être détruit.
-Bien sir!
Aussitôt, les cinq engins blindés se mirent en marche, planant à cinquante centimètres au-dessus du sol. Ils se déployèrent le plus près possible des falaises conduisant au temple. Les gros canons pivotèrent en direction de la pièce d'artillerie, située à droite du temple. Ils tirèrent ensemble dans un vacarme monstrueux, pendant qu'une première ligne composée d'une trentaine de soldats traversaient le pont naturel, plusieurs mètres au-dessus de la mer. Les tirs manquèrent le canon lourd, mais l'un d'eux heurta la roche, quelques mètres en dessous du canon, faisant s'écrouler des pans entiers du rocher. La canon riposta avec efficacité, un char d'assaut explosa violemment. Il n'en restait plus rien, une carcasse de véhicule complètement déchiquetée, brûlant d'un feu intense.
-Détruisez-moi ça! Hurla le capitaine de la division blindée, horrifié.
Les chars tirèrent une seconde salve, bien plus précise que la première. La falaise fut de nouveau touchée, le canon se mit à vaciller dangereusement, pouvant tomber à tout moment dans la mer. Mais un autre tir toucha le canon et le fit exploser sur le coup. Des pièces de métal volèrent dans tout les sens, un autre morceau du rocher s'effondra, emportant avec lui ce qui restait du canon. Le temple était maintenant très près du bord. Il suffisait de détruire un nouveau pan de la falaise pour que le bâtiment disparaisse à jamais dans la mer agitée.
-Cessez le feu! Ordonna le capitaine.

Les soldats arrivèrent enfin près du grand temple. La double porte était immense, elle faisait au moins dix mètres de haut sur cinq mètres de large. La porte s'ouvrit lentement. Cinq chevaliers, la tête couverte d'un casque, le corps protégé par des carapaces en métal, s'avancèrent à pas lent. Ils s'arrêtèrent au sommet du grand escalier qui menait aux portes. Attendant sur un air de défi que les soldats hyporiens osent gravir les marches. Inquiet, le lieutenant fit stopper ses troupes. Un court silence s'installa. La bannière de l'Ordre, représentant l'épée et l'étoile impériale argentées claqua dans le vent, ainsi que celle de l'Empire, représentant le Phœnix.
-En avant! Ordonna enfin le lieutenant.
Les soldats poussèrent de grands cris de rage et coururent vers les grandes marches en marbre. Les chevaliers ne frémirent pas. Ils attrapèrent leurs grands fusils et tirèrent sur la première ligne d'attaque. Six soldats tombèrent au sol, mortellement touchés. Mais cela n'arrêta pas les courageux soldats de l'Empire. Bien qu'inquiets face à ces mystérieux adversaires, ils continuèrent leur course et gravirent les premières marches. Brandissant leurs armes à feu comme des gourdins, menaçants. Les cinq chevaliers dégainèrent leurs grandes épées et contrèrent les premiers coups sans aucune difficulté. Plusieurs soldats furent rejetés en arrière, roulant dans les escaliers. Un court combat au corps à corps s'engagea entre les deux camps. Impérator observa la scène, inquiet, à l'aide de ses jumelles.
-Alors? Demanda un officier.
-Incroyable! Ils sont cinq, cinq contre trente, et ils tiennent debout!
-Non?
-Regardez vous même!
Effectivement, les chevaliers luttaient avec une force et une hargne hors du commun. Les soldats impériaux furent repoussés en très peu de temps, sans pouvoir résister. Devant la colère d'Impérator, les onze derniers soldats préfèrent battre en retraite.
-Ce n'est pas possible!
-Envoyez toutes nos troupes, colonel. Il nous faut absolument ce temple.

Une nouvelle vague d'hommes s'élança alors vers le temple, beaucoup plus importante que la première.
-Vous aurez besoin de nous. Affirma Elwige Serduss à Impérator.
-Et bien... allez-y!
Le maitre chevalier cria alors plusieurs mots dans une langue étrangère à l'adresse de ses hommes. Ils répondirent par le même cri, brandirent leurs épées et se mirent en marche vers le temple d'un pas décidé.

Le combat dura trois, quatre heures. Les cinq chevaliers finirent par faiblir au bout de la première demi-heure, mais ils furent remplacés par d'autres. Il fallut deux heures pour s'emparer de l'escalier, deux autres pour prendre le temple. Impérator était resté à l'écart, attendant le rapport de ses hommes avec impatience. Enfin, un commandant le contacta:
-Le temple est à nous, monsieur.
-Enfin! rapport?
-Nous avons subi des pertes importantes, près de soixante-dix hommes perdus. Trente hommes morts chez l'ennemi, trente-deux pour être précis.
-Par l'Espace! C'est impensable!
-Mais c'est pourtant vrai, monsieur. Le temple est quand même à nous!
-Oui... bien... et le prince?
-Nous l'avons capturé. Nous retenons également prisonniers une vingtaine de chevaliers. Ils sont désarmés et sous notre contrôle.
-Restez vigilant, vous avez vu leur force!
-Oui, monsieur.
-J'arrive.


H-RP: Assez long... dites-moi ce que z'en pensez! Vais me coucher moi

-Avancez seigneur Impérator.
Le jeune chef militaire sortit brusquement de sa torpeur. Il se demanda -pour la cinquième fois depuis le commencement de cette étrange cérémonie- ce qu'il faisait ici à jouer au grand guerrier alors qu'il pourrait être chez lui en train de déguster tranquillement un bon repas tout en visionnant les "Znorbés" à l'holovision. Mais il était trop tard, il avait accepté sa mission, il avait accepté de jouer le jeu et d'être fait chevalier.
Il se résigna donc à avancer sur le long tapis rouge qui menait au bout du temple et face à une statue de l'Empereur. Elwige Serduss menait la cérémonie. Depuis vingt bonnes minutes, il lisait un gros livre sacré écrit dans une langue étrangère en faisant de mutliples gestes religieux que les autres chevaliers rendaient avec respect. Pour les chevaliers ça devait être particulièrement intéressant, mais pour Impérator et ses hommes, rien de plus barbant!
Impérator avança à pas lent, peu rassuré, en direction du maitre chevalier. Le long du grand tapis rouge, alignés des deux côtés, les soldats de l'armée hyporienne regardaient la scène et leur chef avec un certain étonnement. Certains avaient un sourire qu'Impérator traduit par de la moquerie, il ne manquerait pas de leur en parler après la cérémonie. Les chevaliers, par contre conservaient un grand sérieux. Ils restaient immobiles, à observer la marche du jeune homme sans aucun bruit. Il y avait aussi bien les chevaliers de Serduss que ceux du prince Gloros. Cela étonna grandement Impérator. Tout de suite après la capture du temple, Serduss avait libéré les guerriers du prince et leur avait remis leurs armes. Ils ne cherchèrent même pas à s'en servir, de même que Gloros n'essaya pas une seule fois de s'échapper. Il était également présent, tout au bout de la file, près d'Elwige. Il regardait la scène sans broncher.

La traversée de la salle parut bien longue à Impérator, mais il arriva enfin à la hauteur du "prêtre" chevalier et attendit.
-Agenouillez-vous. Demanda Serduss d'une voix cérémonieuse.
Impérator s'exécuta. Le chevalier reprit alors son livre et clama plusieurs mots étrangers. Les chevaliers répondirent en levant leurs épées au-dessus de leur tête (les chevaliers de Gloros le firent également). Serduss s'approcha d'Impérator, d'une voix haute et grave, il demanda:
-Seigneur Impérator, jurez-vous fidélité à l'Empire, jurez-vous de défendre ses idées, ses projets jusqu'au bout, quitte à sacrifier votre vie pour la sienne? Jurez-vous de respecter le code de l'Ordre et de vous battre avec lui jusqu'à la fin, de ne jamais violer ses règles primordiales qui sont l'union, l'ordre, le courage et la loyauté? Répondez.
-Je... je le jure.
Le chevalier se tourna alors vers un coffre en cristal, l'ouvrit et en sortit une longue épée bien aiguisée dont la lame brilla à la lumière du soleil. Il la tendit bien haut au-dessus de sa tête, puis la planta aux pieds d'Impérator. Ce dernier sursauta, la lame manqua de peu de transpercer un de ses orteils. Ces chevaliers avaient des manières un peu rudes! Il hésita, puis il se releva et arracha l'épée du sol sans difficultés. Ses soldats applaudirent, les chevaliers s'agenouillèrent tous, sauf Gloros et ses hommes. Serduss s'inclina également avec un grand respect. Impérator ne sut que faire et resta immobile. Serduss finit par se relever et se tourna vers le prince Gloros.
-Prince Gloros, reconnaissez-vous cet adoubement comme valable?
-Les règles ont été suivies sans erreur. Je reconnais le seigneur Impérator comme un nouveau chevalier de l'Ordre.
-Bien.
Le chevalier revint alors auprès d'Impérator et s'adressa à lui:
-L'adoubement est fini. Vous faites maintenant parti de l'Ordre, et ce jusqu'à votre mort. Mes hommes et moi vous reconnaissons comme notre seul maître. Mais le prince Gloros rejette votre commandement car il estime être le seul maître de l'Ordre. Le seul moyen de résoudre ce désaccord est de vous engager l'un contre l'autre dans un défi à l'épée. Lorsque l'un des deux mourra, les deux camps devront se réunir sous le commandement du vainqueur, à moins qu'un autre ne lui dispute aussi ce titre.
-Mais... Etes-vous sûr que cela suffira? Respecteront-ils la règle? Et n'avez-vous pas peur qu'ils souhaitent tous me défier? Si je bas le prince, qui vous dit qu'un autre ne me défiera pas à son tour? Cela peut durer des heures!
-Notre code est très précis sur ce point. Le défi fait parti de nos règles les plus sacrées. Aucun chevalier ne s'y opposera. Il ne peut y avoir qu'un défi entre deux camps, lorsque quelqu'un gagne, il y a réunification, c'est immédiat. Si vous battez le prince Gloros, aucun chevalier ne pourra discuter cette fusion. Il se peut par contre qu'un autre vous dispute le rang de maître. Mais dans tout les cas, l'union sera rétablie entre nos hommes et ceux de Gloros, c'est le principal! Allez, proposez ce défi au prince, il ne pourra refuser. Fixez le début du défi au crépuscule, ça nous laisse plusieurs heures pour vous entrainer.

Impérator aurait bien volontiers discuté davantage avec Serduss pour trouver une autre solution, mais visiblement, c'était vain. Il se présenta devant le grand prince Gloros et s'inclina:
-Seigneur Gloros, dit-il en hésitant. Nous sommes en désaccord à propos du maître légitime de l'Ordre. Selon les règles, je vous propose que nous fixions ce point par l'épée, lors d'un défi réglementé qui commencera dans quelques heures, au soleil couchant. Lorsque l'un de nous deux mourra, son camp devra rejoindre celui du vainqueur et accepter son commandement. Etes-vous d'accord?
-Je le suis.
-Et bien... à plus tard alors.
Impérator s'éloigna sous le regard sévère du prince Gloros, il avait une trouille pas possible! Jamais encore il n'avait eu à combattre une grande brute couverte de carapaces, avec pour seule arme une épée.




H-RP: Bon... je comptais mettre le défi dans le même post, mais j'ai la flemme de continuer! Je le ferais plus tard. Cette scène de l'adoubement est pas forcément très crédible et intéressante, j'ai essayé de faire de mon mieux, c'est pas forcément génial...

H-RP: Bon allez, une suite! Parce que je le sens bien creux mon dernier RP! En espérant être interessant à lire...


-Très bien! Donnez plus de force dans votre frappe, soyez précis et rapide! Bravo! Encouragea Elwige Serduss en contrant le coup d'épée d'Impérator avec grande peine.
Ils s'entrainaient depuis plus de deux heures, afin qu'Impérator soit prêt à affronter le prince Gloros lors du défi dans la soirée. Le début avait été particulièrement difficile, le jeune Impérator n'était pas habitué à manipuler ce genre d'arme et la trouvait lourde et peu maniable. Mais grâce à l'entrainement de Serduss il commençait à comprendre la méthode et était capable de se défendre sans trop de soucis, voire même d'attaquer efficacement. Le prince s'entraînait également de son côté. Impérator trouvait cette ambiance très étrange. On aurait plus pensé à une rencontre entre deux champions à l'occasion d'un évènement sportif qu'un défi armé visant à résoudre une guerre. Même s'ils étaient ennemis, les deux camps de l'Ordre avaient une confiance aveugle l'un pour l'autre. Impérator aurait été à la place du prince, il se serait fait la malle depuis longtemps avec ses hommes. Mais Gloros n'avait pas cherché à se révolter, ni à fuir. Ses armes lui avaient été rendues, il ne s'en était pas servi.
-Ça suffira. Conclut Serduss en rangeant son épée. Vous vous débrouillez bien, Impérator.
-Mais est-ce que ça suffira? L'autre a bien plus d'entraînement que moi, il va me massacrer!
-Vous savez vous défendre, vous savez riposter, il n'y a pas de raison que vous perdiez.
Impérator vit le prince Gloros ranger son épée et enfiler sa lourde armure. Le jeune guerrier se sentit bien nu comparé à ce géant recouvert de métal.
-Je n'ai même pas d'armure! S'exclama t'il.
-Nous n'en avons pas à votre disposition. De toute façon, elle ralentirait vos mouvements. Jouez là dessus, Impérator. Gloros tape fort, mais il est lent. Tachez d'esquiver ses coups et de répliquer le plus rapidement possible, vous aurez le dessus.
-Il va m'écharper!
L'heure du défi se rapprochait de plus en plus, Impérator aperçut le ciel rouge à travers la grande brèche infligée par un char d'assaut dans la façade Est du temple. Le soleil se couchait. Dans une demi-heure, trois quarts d'heures maximum, il devrait se battre dans un duel à mort. Il sentit sa gorge se nouer, Serduss déclara:
-L'heure du défi est venue. Que les combattants me suivent.
Il quitta aussitôt le grand temple, suivi de Gloros et de tous les chevaliers.
Impérator hésitait. Un de ses colonels se rapprocha de lui:
-Tout va bien, sir? Vous êtes sûr de vous? Nous pouvons encore partir...
-Trop tard! Je passerai pour quoi moi ensuite? Pour un dégonflé, un lâche!
-Comme vous voudrez... Ne vous en faites pas, il est largement à votre portée. Suffit de placer le bon coup au bon moment, et c'est dans la poche! Il ne faut pas avoir peur...
-Voulez ma place? Il est temps d'y aller. Pourquoi sort-il du temple?
-Et bien... je crois qu'il préfère voir ce combat se dérouler sur les falaises, au-dessus de la mer. Faut avouer que c'est plus spectaculaire avec le coucher de soleil en fond de plan! Juste une chose, monsieur. Si jamais -Je ne veux pas vous décourager, j'ai confiance en vous-, si jamais vous perdez, que devient notre armée? Je veux dire, que vont faire les chevaliers de nous?
-Je ne sais pas! Je pense qu'il vaut donc mieux pour tout le monde que j'emporte ce combat!
-Et ben! Bonne chance alors!
Impérator s'éloigna.

Il rejoignit l'assemblée, qui attendait, immobile, au sommet des falaises, juste à côté du temple et au-dessus de la mer agitée le début du combat. Visiblement, on attendait plus que lui.
-Approchez Impérator.
Il arriva face à l'autre champion, le prince Gloros. Un cercle se forma autour d'eux, composé aussi bien de chevaliers que de soldats hyporiens curieux de voir ça. Serduss se mit entre les deux champions et annonça:
-Le soleil se couche, comme convenu, le défi doit commencer entre les deux chevaliers. Il ne s'achèvera que lorsque l'un des deux champions aura trouvé la mort par l'épée. Une fois le combat fini, les deux camps devront se réunir sous l'unique commandement du vainqueur et lui assurer fidélité, à moins qu'un autre chevalier désire lui contester son titre de maître. Bien! Sortez vos épées!
Gloros dégaina son épée avec élégance, tout en gardant un air cérémonieux qui consterna un peu Impérator. Comment pouvait-on garder un air aussi sérieux alors que la vie pouvait nous quitter à tout moment?
Le jeune chef militaire sortit également son épée. A cet instant, il aurait donné n'importe quoi pour pouvoir fuir à toute allure et rentrer chez lui avec l'idée que toute cette histoire n'était qu'un mauvais rêve. Malheureusement, c'était la réalité.

Serduss recula de quelques pas et annonça: Commencez!
Gloros avança de plusieurs mètres vers Impérator, il prit soin de garder une bonne distance pour ne pas risquer de recevoir une attaque surprise. Impérator ne savait que faire, il fit quelques pas de côté dans l'espoir que son adversaire réagirait. Mais rien! Le prince le fixait d'un air sévère, pas mauvais ni hostile, juste sévère. Le prince s'approcha à nouveau, Impérator ne bougea pas. Il était temps de faire face. Tout paraissait calme, silencieux. Mais le prince tendit brusquement son bras vers Impérator et heurta son épée. Ce dernier sursauta sous l'effet de surprise et tenta de riposter, mais son coup fut paré avec force et il recula de plusieurs pas. Le même genre de situation se répéta plusieurs fois. Gloros avançait sans cesse, inflligeant à son adversaire des coups violents, contrés à chaque fois, certes, mais qu'il l'obligeaient à reculer de plus en plus vers le bord de la falaise. Le prince asséna un nouveau coup puissant à Impérator, le jetant à terre, juste au bord du vide. Impérator se leva à grandes peines et brandit son épée. Encore un coup identique, et il finirait à la mer ou dans les récifs, après une chute de plusieurs mètres. Son ennemi leva bien haut son épée et s'apprêta à frapper, mais, stimulé par la peur, Impérator frappa en premier et se jeta violemment contre son adversaire. Ils reculèrent de plusieurs pas vers le temple. Le jeune seigneur se tenait fermement à son ennemi, refusant de lâcher prise. Mais l'autre parvint enfin à se dégager et l'envoya rouler sur le côté. Impérator se releva et se déporta sur la droite, inversant ainsi la situation. Désormais, c'était Gloros qui se trouvait entre lui et le vide. Le prince poussa un cri de rage et fonça sur son adversaire en donnant des coups au hasard, qu'Impérator para à grande peine. Ils se mirent à échanger des coups d'épées de façon plus intense. Le seigneur Impérator parvenait déjà à mieux contrôler les attaques de son adversaire. Gloros semblait faiblir sous le poids de son armure, il était essoufflé. Pourtant, il tenta à nouveau d'infliger un coup violent à son adversaire, mais plus rapide, celui-ci l'esquiva sans trop de difficulté, profitant du mouvement d'épée de l'autre dans le vide pour contre-attaquer. Malheureusement, son épée heurta la solide cuirasse en métal qui protégeait l'épaule du prince. Le prince tenta une nouvelle attaque qu'il manqua de la même façon, Impérator saisit sa chance une nouvelle fois, raté! A trois reprises, ils répétèrent la même opération, mais aucun des coups ne parvenait à atteindre l'adversaire. Gloros tenta une dernière fois d'asséner à Impérator un grand coup de lame, mais ayant compris la technique, le jeune guerrier l'esquiva avec rapidité et contre-attaqua avec efficacité cette fois! La ripose d'Impérator atteignit le dos vide de toute protection, mise à part la toge, du prince Gloros. Le prince poussa un grand cri de douleur, se toge devint rouge, imprégnée du sang qui s'échappait de sa blessure. Il sembla devenir fou, il se mit à donner des tas de coups dans tout les sens, manquant à chaque fois Impérator, qui choisit le bon moment pour sauter sur son adversaire et le transpercer d'un coup de lame en plein coeur. En effet, la lame d'Impérator s'inséra glissa entre deux cuirasses et transperça le ventre du prince.
C'était fini. Le prince lâcha son épée et tomba au sol. Impérator n'en croyait pas ses yeux, il se voyait déjà mort, la tête tranchée ou précipité dans une mer démontée. Mais non, il était vainqueur, le sang qui recouvrait la longue lame de son épée en témoignait, et Gloros ne viendrait sûrement pas contester sa victoire. Les soldats de l'Empire acclamèrent leur chef en applaudissant, en jetant leurs casques ou en sifflant. Tous les chevaliers, y compris ceux du défunt prince s'agenouillèrent. Serduss s'inclina et serra son jeune maitre dans les bras. Ca devait être une marque d'affection, conclut Impérator en souriant, encore un peu incrédule.
-Bravo monsieur! Brailla un soldat.
-Magnifique combat, seigneur. Complimenta Serduss. Nous avons fait un tiers de notre mission. Votre victoire est bien méritée.
Puis il se tourna vers l'assemblée:
-Chevaliers du prince Gloros, votre maître est mort dans le défi. Suivant les règles sacrées de notre code, vous devez nous rejoindre et combattre avec nous. Reconnaissez-vous Impérator comme unique maître?
Les chevaliers sortirent leurs épées et clamèrent d'une voix unie:
-Gloire à Impérator, notre nouveau maître. Qu'il soit digne de la confiance de notre Ordre et de l'Empereur.
-Vous voyez? Dit le chevalier d'un air satisfait à Impérator. Ils sont avec nous!
-Vous aviez raison, pardonnez-moi d'avoir douté. Que faisons-nous maintenant? Oh et puis non! Plutôt, qu'on sorte de quoi manger et boire, ce soir, c'est la fête!
Les hommes acclamèrent la décision avec plus de joie encore. Impérator s'inclina devant Serduss et alla se reposer contre un rocher, pendant que les soldats commençaient déjà à déballer la nourriture, parler et rire.


H-RP: Voilà voilà... J'espère que c'est compréhensible, crédible et intéressant... Sinon, vous pouvez toujours vous plaindre!

H-RP: Bon parfait! Merci, c'est tout ce que je voulais
J'ai profité de mes soirées de vacances pour faire la suite. Je vous préviens c'est long, ça discute beaucoup beaucoup beaucoup (confrontation entre officiers...)! Ca se peut que ce soit compliqué et barbant par endroit. Quoi qu'il en soit, j'ai écrit cette suite avec beaucoup de plaisir, j'espère que ça vous plaira!
Attention, je vais être obligé de diviser en deux parties comme ça prend trop de place.

EDIT: En fait, je m'aperçois que c'est vachement plus long que ça! Je vais devoir le diviser en plusieurs parties! Pardonnez-moi, je suis lourd

Impérator n'avait pas perdu de temps. Deux jours s'étaient écoulés depuis sa victoire sur le Prince Gloros,
deux jours seulement, et il était à nouveau en campagne, à la tête de toute son armée, renforcée par trente nouveaux chevaliers, les hommes de Gloros qui s'étaient pliés au code de l'Ordre et avaient juré fidelité à leur nouveau maître.
Ainsi, une trentaine d'astronefs répondant aux couleurs de l'Empire et de l'Ordre sillonaient l'espace, à la poursuite du second prince, le prince Lathan. Selon Elwige Serduss, nouveau conseiller du jeune maître Impérator, Lathan avait sous son contrôle une flotte importante composée d'au moins trois navires lourds de guerre. Les faits s'étaient vérifiés, car ils rencontrèrent la flotte de Lathan à deux reprises. Mais à deux reprises, elle prit la fuite sans qu'aucun coup de feu ne fut tiré et restant sourde aux appels de la flotte
hyporienne.
Grâce aux nouveaux appareils sophistiqués de l'Empire, on pouvait retrouver en quelques heures de temps la nouvelle position approximative de la flotte de Lathan après sa fuite en hyperespace. Mais pour qu'un tel appareil fonctionne efficacement, il était nécéssaire que la flotte poursuivante soit à proximité de la flotte fugitive au moment de son entrée dans l'hyperespace, afin que les "traqueurs" puissent déterminer son lieu exact de sortie. Ainsi, à cause du temps consacré à chaque calcul hyperspatial, la distance entre les deux flottes augmentait continuellement, car tandis que la flotte impériale perdait son temps en calculs longs et compliqués, la flotte du prince en profitait pour effectuer un voire deux sauts dans l'hyperespace, rendant ainsi les futurs calculs bien plus complexes et incertains encore.
En plus de cela, les troupes de l'Empire commençaient sérieusement à fatiguer et protester, le moral s'affaiblissait de plus en plus, le contrôle des officiers sur leurs hommes devenant plus difficile il arrivait parfois que des semblants de mutineries voient le jour, arrêtés à temps par la capacité d'Impérator et de ses chevaliers à affirmer leur autorité avant que cela ne dégenère en rebellion complète. Les officiers supérieurs de la flotte commençaient eux aussi, -sous l'influence de Redric Osem, un jeune officier charismatique très populaire au sein de la troupe-, à remettre en question le comportement de leur chef, Impérator.


Le seigneur Impérator lui-même était fatigué. Seuls les chevaliers de l'Ordre restaient imperturbables, "ils voulaient affronter le prince Lathan, ils iraient jusqu'au bout!" C'est ce que répondait à chaque fois Elwige Serduss à Impérator lorsque ce dernier lui demandait pourquoi ils continuaient.
-Mais comment ferez-vous lorsque la flotte vous abandonnera? Avait demandé Impérator le jour où la réponse de son conseiller ne lui avait plus suffit.
-Que voulez-vous dire par là? S'était exclamé le grand chevalier en se redressant brusquement, la voix chargée de suspicion. Prétendez-vous que votre détermination s'est éteinte? Avez-vous l'intention d'abandonner notre mission, de nous trahir?
-Moi non! Je suis déçu de voir que votre confiance en moi n'est pas stable. Je croyais pourtant avoir accompli assez de tâches longues et périlleuses au nom de l'Ordre pour bénéficier de davantage de confiance, non?
Les joues du chevalier s'empourprèrent un peu, d'une voix gênée, il dit:
-Veuillez excuser ma réaction, seigneur, elle était bien trop exagerée et soupçonneuse. J'ai, bien sûr, une entière confiance en vous, et je vous reste à jamais fidèle mais...
-Je vous en prie, mon ami, je me suis mal exprimé. Mais assez d'excuses. Ce que je voulais dire, c'est que le moral des hommes diminue, ils fatiguent. Avez-vous vu leurs têtes lorsque nous sommes sortis de l'hyperespace? On s'attendait à tomber pile sur la flotte ennemie, prêt à faire feu à tout moment, mais lorsque nous avons quitté la voie hyperspatiale, qu'y avait-il en face de nous? Rien! Rien de plus qu'un bête champ d'astéroïdes, et la perspective qu'il faudrait recommencer de nouveaux calculs, perdre de nouvelles heures tandis que la flotte du prince en profiterait pour nous semer davantage encore! J'ai bien cru que l'équipage allait se rebeller! Mais maintenant, c'est à peine si nous parvenons encore à nous faire obéir. Croyez-moi, si notre prochain saut ne donne rien, ce ne seront pas des chevaliers que nous devrons affronter, mais plusieurs centaines de soldats enragés!
-Ah... et bien, j'avoue avoir été moi aussi surpris par le résultat de nos sauts, je ne m'attendais pas à ce que le prince fuit de la sorte. Quel lâche! Il déshonnore notre Ordre, il viole nos valeurs les plus sacrées! Vous pouvez me croire, si notre bon maître Channis n'était pas mort et menait encore l'Ordre, jamais de telles choses ne se seraient vues! Il mériterait qu'on le brûle vif, qu'on l'écartèle, qu'on le...
-Encore faudrait-il l'attraper avant de pouvoir lui infliger toutes ces punitions, seigneur Serduss. Je vous en prie, la survie de notre mission, de notre flotte dépend de vous. Vous connaissez le prince Lathan, où s'est-il enfuit, où compte-t'il aller selon vous? La moindre erreur risque de nous être fatale, il faut impérativement que notre prochain saut soit concluant. Nous devons retrouver la flotte du prince!
-Je sais bien mon ami, mais ce n'est pas une mince affaire. Il me faudrait des précisions supplémentaires, des coordonnées, des repères... Je ne suis pas devin, comment voulez-vous que je devine sa prochaine destination sans aucune information?
-Nos "traqueurs" sont en train de calculer les différentes possibilités de point de sortie hyperspatiale de nos ennemis. Je leur ai demandé de dresser une liste la plus complète possible. Lorsqu'ils auront fini leur travail, nous vous transmettrons la liste.
-Le seul problème, c'est que vous ne pouvez analyser qu'un seul saut à la fois. Vos appareils vous permettent de donner différents endroits possibles de sortie à partir du point d'entrée dans l'hyperespace, mais ils ne permettent pas d'assurer où ils sont allés ensuite. Tandis que nous perdons notre temps à calculer leur premier saut, ils en profitent pour en exercer un autre, peut-être même deux, et la liste des points de sortie possibles devient de plus en plus vaste. Ils sont en train de nous semer, et plus ils mettent de distance, plus nos chances de les retrouver deviennent mince.
-Je sais cela! C'est pour ça qu'il faut les prendre d'avance, il ne faut pas les suivre saut par saut, il faut effectuer un seul grand saut et tomber pile sur eux, du premier coup. Il faut tomber sur leur destination finale.
-Mais c'est impossible! Pour cela, il faudrait lire dans leurs pensées. Vous m'en voyez navré, mais je n'en suis pas capable... Nous pouvons les suivre, essayer de les rattraper, mais nous ne pouvons pas les dévancer.
-Nous verrons...


Impérator quitta la pièce, laissant le chevalier à ses réflexions, peu satisfait de cette entrevue. Il rejoignit la passerelle de commandement d'un pas rapide, constatant avec une certaine inquiétude que ses hommes étaient de plus en plus mécontents. C'est à peine si les soldats le saluaient encore. Les officiers supérieurs ne semblaient pas plus heureux, Impérator eut grande peine à les rassembler.


-Avez-vous fini vos calculs? Demanda t-il à l'un des officiers "traqueurs".
Sans mot, celui ci lui remit une longue feuille où figurait la liste de toutes les destinations possibles de la flotte ennemie, non pas après leur premier saut depuis la dernière fois où ils avaient été reperés, mais les destinations possibles à partir des sauts suivant le premier, puis les autres, et ainsi de suite.
Impérator parut horrifié devant la longueur de la liste.
-Mais combien y en a t'il? Vous avez vu la taille de cette liste?
-Près de deux milles destinations différentes possibles, monsieur. Et encore, nous avons supprimé ce qui nous semblait improbable. Nous avons classé par saut. Le premier saut offre cinq possibilités de destinations,
comme ils ont dû effectuer d'autres sauts entretemps, nous avons calculé à partir de chaque possibilité. La première offre trois nouvelles possibilités, la seconde en offre six, la troisième...
-Bref! Nous n'avons que des possibilités qui se multiplient par d'autres! Mais rien de sûr! Voilà qui est utile...
-C'est tout ce que nous pouvons faire, monsieur.
-Alors la partie de cache-cache devient trop difficile? intervint Redric Osem en s'approchant, un grand sourire ironique aux lèvres.
-Je ne me lasserai jamais de votre humour, Osem, répondit Impérator d'un ton sec. Et bien oui, ça devient plus difficile. Mais je n'appartiens pas à ce genre d'homme qui fuit devant la difficulté. Et puis je sais que je peux faire confiance en mes officiers, n'est-ce pas? Je peux compter sur eux pour maintenir l'ordre, il ne leur viendrait jamais l'idée de trahir leur supérieur, et surtout pas pour augmenter leur prestige, hein?
-Certainement, monsieur! Osem s'arrêta et dévisagea son chef avec une insolence extrême.

Impérator s'éloigna, mécontent, suivit de près par le commandant de la flotte, son second, qui, hésitant, demanda:
-Que comptez-vous faire, monsieur?
-La poursuite est finie, ils nous ont semé. Préparez les officiers de pilotage, nous allons effectuer un saut.
-Un saut? Mais voyons monsieur, je croyais que la traque était finie. Vous l'avez dit vous même, ça ne donnera rien. Et puis, l'état-major va s'y opposer.
-Qui vous a dit que nous devions prévenir l'état-major?
-Mais... seigneur, vous jouez avec le feu! Si vous ne les consultez même pas, ils vont se révolter. Vous savez mieux que moi qu'ils n'attendent que ce genre de décision de votre part pour se rebeller. Vous leur offrez
un mobile. Osem ne vous épargnera pas, la troupe est avec lui. Si vous lui donnez raison, il n'aura qu'à faire un geste de la main pour qu'on vous mette de côté. Il prendra alors le commandement de la flotte.
-Et bien laissons à Osem sa chance, nous verrons bien ce qu'il en fera. En attendant, executez mes ordres sans discuter. Ayez confiance, je sais ce que je fais. Tâchez de rester discret, je vous communiquerai notre
destination par la suite. Allez!
-Bien... bien monsieur.
Le commandant s'éloigna, ou plutôt il s'arrêta et laissa Impérator prendre de la distance. Il le regarda d'un air inquiet. S'il ne connaissait pas assez son chef pour deviner qu'il avait un plan précis, il concluerait comme
les autres qu'Impérator est fou. Il rejoignit le centre de commandement et fit transmettre les ordres dans la plus grande discrétion, aucun des officiers supérieurs ne fut prévenu.
Entretemps, le seigneur Impérator avait rejoint Elwige Serduss.
-Vous avez la liste? demanda ce dernier.
-Elle ne nous servira à rien. Lathan nous a semé, nous ne pouvons pas le rattraper.
-Alors vous abandonnez?
-Jamais, Serduss! J'ai juré fidelité à l'Ordre, croyez-vous que je suis un menteur? Et puis j'ai quelques comptes à régler avec certains officiers, il est grand temps que les choses soient remises au point. Mais pour cela j'ai
absolument besoin de vous Serduss. Il faut faire appel à vos souvenirs...
-Si vous souhaitez encore que je devine la destination du prochain saut de Lathan, c'est inutile! Je préfère vous prévenir d'avance, et je vous ai déjà exposé les raisons.
-Non non, oubliez cela. Nous devons changer de méthode. Il ne faut plus poursuivre Lathan, il faut l'attirer.
-L'attirer?
-Oui. Nous aurions dû y penser plus tôt. Lathan doit bien avoir quelque chose auquel il tient beaucoup, non?
-Pas à ma connaissance. Il emmène avec lui tout ce qui est cher à ses yeux.
-N'a t-il pas une base, un quartier général?
-Si! Bien sûr, la cité Lockys, située sur Symnor. Mais c'est une ville fortifiée, un véritable château. Vous ne pourrez pas vous en emparer, ses défenses sont bien trop fortes. Vous savez, personne n'a jamais osé essayer de l'attaquer, ou bien les quelques fous qui ont essayé sont morts au pied des murs. Cette cité est très réputée dans l'Ordre, Lathan peut être fier d'en être le maître.
-Ah oui? Je pense que vous me tirez une épine du pied, Serduss. Vous êtes en train de trouver la solution à mon problème, ou plutôt à mes problèmes.
-Vraiment? Vous m'en voyez ravi, monsieur. Mais je ne vois pas en quoi cela résoud vos problèmes. Votre flotte n'aura aucun effet sur Lockys l'Invincible.
-Permettez-moi de contester cette affirmation, mon ami. Notre flotte va avoir de l'effet. Si Lockys est si réputée pour sa prétendue invincibilité, croyez-vous que Lathan ne sera pas étonné d'apprendre qu'une flotte tente de s'en emparer?
-Il vous prendra pour un fou!
-C'est vrai. Mais il y a des chances qu'il s'inquiète quand même pour sa belle cité, il pourrait s'imaginer que nous avons trouvé un moyen de la faire tomber, que nous disposons d'une arme secrète...
-Mais cette cité porte bien son nom. Ce n'est pas pour rien qu'on la nomme l'Invincible. D'autres se sont essayé à ce jeu, ils sont morts. Lathan est un homme sûr de lui, il a une confiance aveugle en ses défenses, il ne viendra pas, il estimera que c'est du temps perdu.
-Très bien. Admettons qu'il n'ait pas peur, ce qui m'étonnerait fort, puisque vous dites vous-même qu'il est naturellement très confiant, il ne manquera pas une occasion peut-être unique de se débarrasser enfin de nous. Il n'a pas cessé de fuir à chaque fois que nous l'avons croisé, visiblement, nous le gênons. Une fois que nous serons devant ce mur infranchissable qu'est Lockys, il ne lui restera plus qu'à venir couper notre retraite, ainsi, nous aurons complètement perdu, soit nous nous jetons sur Lockys avec aucune chance de passer, soit nous fuyons, et nous heurtons la flotte du prince. Nous serons pris entre deux feux. Je pense donc pouvoir affirmer qu'il viendra, et si ce n'est par la peur, ce sera par confiance.
-C'est juste. Mais en quoi cela nous avancera t-il? Vous l'avez dit, nous serons pris entre deux feux, nous ne pourrons en réchapper.
-Allons, Serduss, vous connaissez mieux que moi le Code de l'Ordre et la valeur des chevaliers. Lathan ne pourra refuser un défi contre moi, il ne crachera pas sur la possibilité de grossir ses rangs de plusieurs dizaines de chevaliers en plus.
-C'est très risqué. Il refusera le défi. Pour la simple raison qu'il risquerait également de perdre ses propres troupes à l'issue du défi. Les risques sont plus gros pour lui que pour nous. Il refusera le défi et il choisira d'attaquer, nous serons tous détruit.
-Mais nous pouvons changer les conditions, non? Nous pourrions réclamer qu'en échange de notre victoire, on nous laisse partir sain et sauf. Il faudra faire en sorte que le gain soit particulièrement intéressant, et qu'il n'y ait quasiment aucun risque pour lui, ou alors tellement réduit qu'il paraitra insignifiant à côté de ce qu'il pourrait gagner. Et puis, je crois que le rejet du défi n'est jamais très bon pour la réputation d'un chevalier.
-Vous avez raison, encore une fois! Mais...
-Assez discuté pour le moment! Vous découvrirez le reste du plan plus tard. Nous allons donc rejoindre Simnor et défier Lockys l'Invincible, prévenez nos chevaliers. Ah oui, au fait, je dois vous mettre au courant, lorsque nous arriverons dans le secteur de Simnor, une mutinerie aura lieu, je risque fort de perdre le commandement de la flotte et d'être mis à l'écart, ne vous en préoccupez pas. Vous obéirez aux ordres que vous donneront les mutinés, et vous tâcherez de garder le silence sur tout ce que je vous ai dit jusqu'à maintenant. Pour ma part... je vais me coucher!
-Bien, monsieur... Bonne nuit...

Impérator ne parvint pas à fermer l'oeil de la nuit, il en profita donc pour peaufiner son plan.
Comme convenu, il transmit à Peeve, son second, la destination du saut hyperspatial; comme convenu, il sentit durant la nuit les légères vibrations dues à l'entrée, puis quelques heures plus tard, à la sortie de l'hyperespace; enfin, comme convenu, il entendit une vague de protestations et de clameurs surgir des profondeurs du vaisseau et se rapprocher de plus en plus de sa porte, jusqu'à ce qu'on vienne frapper à la porte de sa chambre. Il regarda à travers le hublot, le croiseur était à l'arrêt, de même que les autres vaisseaux. Au moins, la flotte n'était pas dispersée, elle restait unie sous le commandement du croiseur amiral "Tauntaun".
Ca faciliterait les choses. On frappa de nouveau contre la porte, de manière plus insistante. Impérator s'en rapprocha, il entendit les hommes qui clamaient de rage, séparés de lui par une simple cloison de métal. Avec une extrême prudence, pistolaser à la main, il actionna le bouton d'ouverture et recula. Le grand panneau en métal coulissa sur le côté, dévoilant le commandant Peeve, l'air complètement perdu, entouré d'une dizaine d'hommes qui protestaient en tambourinant contre les murs et en poussant des jurons. Ils étaient tous armés, mais Peeve semblait réussir à les tenir à l'écart. Il jeta à Impérator un regard de chien battu, comme s'il le suppliait de retrouver la raison, de redevenir lui-même. Mais le jeune seigneur resta impassible.
-Et bien, Peeve? demanda t-il d'un ton qui feignait le désinteressement à l'égard des zouaves qui hurlaient sur le côté.
-C'est fini, monsieur. Ils vous attendent dans la salle de conférence.
Ils se mirent en route tout en discutant, le rassemblement de mutinés se dispersa.
-Je ne comprend pas votre stratégie. Nous aurions pu éviter cela, la mutinerie n'était pas nécessaire. Vous jouez avec le feu, je vous l'ai dit.
-Ne soyez pas stupide, Peeve! répondit Impérator avec une certaine impatience. Vous savez comme moi qu'Osem n'attendait que ça. J'ai juste un peu précipité le mouvement, c'est tout. Il n'y a pas eu de morts au moins?
-Aucun! Osem s'est très bien débrouillé, il a mené cette rebellion d'une main de maître. Aucun blessé. Il contrôle toute la troupe, l'etat-major et la flotte.
-A vous entendre, on pourrait croire que vous l'admirez.
Le commandant rougit, d'abord de gêne, puis de colère et s'exclama:
-Jamais! Je ne peux pas supporter ce petit crétin prétentieux et ses sourires artificiels. Ne vous imaginez pas que je suis avec lui, monsieur. Mais je commence à avoir des doutes sur vos intentions. Avez-vous décidé de laisser tomber cette mission?
-Non. J'ai juré fidelité à l'Ordre, je ne suis pas un menteur, je ferai en sorte qu'elle soit menée jusqu'au bout. Si ça peut vous réconforter, mes intentions sont parfaitement claires, je sais ce que je fais, contrairement à "ce petit crétin prétentieux", comme vous l'appelez si bien.
-Avez-vous un plan au moins? Vous avez prévenu l'Empire? Les chevaliers vont vous aider?
Impérator se garda de répondre. Ils arrivèrent face à la porte d'entrée de la salle de conférence. La porte s'ouvrit. Tous les officiers de l'état-major étaient réunis autour de la grande table rectangulaire. Redric Osem présidait l'assemblée.
-Entrez! dit-il en adoptant l'air le plus impérial possible, toujours avec le même sourire insolent.
Impérator s'efforça de paraitre impassible, mais en réalité, la colère l'envahissait. Il aurait donné n'importe quoi pour obtenir un bon blaster et griller le visage méprisant de ce jeune vantard.
-Vous voyez, reprit-il, la rebellion a eu lieu. Pourquoi ne pas nous avoir prévenu avant d'effectuer ce saut? Nous aurions pu éviter cette mutinerie, mais nous avons cru que vous nous trahissiez, nous avons dû agir le plus tôt possible, pour le bien de la flotte et dans l'intérêt de l'Em...
-Je vous en prie! Coupa séchement Impérator en jetant un regard noir à son interlocuteur. Les officiers ici présent savent comme moi que vous attendiez cette mutinerie avec impatience. Epargnez-nous les discours mielleux bons pour la troupe. Tout le monde sait que vous teniez surtout, en fait je dirai uniquement, à prendre le pouvoir.
Le grand sourire disparut brusquement du visage d'Osem, une lueur meurtrière passa dans ses yeux pendant un court instant. Enfin, il se ressaisit:
-J'ai la confiance de la troupe et de l'état-major! Ce n'est pas pour rien qu'on m'a donné le commandement de la flotte à votre place. Vous délirez complètement, Impérator! La troupe se plaint, vous n'en tenez pas compte! Vous n'êtes plus capable de mener cette flotte, nos hommes s'en sont aperçus juste à temps. Quoi qu'il en soit, vous n'êtes plus au pouvoir. Mais je veux vous donner une chance de racheter vos erreurs...
-Mes erreurs? S'exclama Impérator avec fureur, qui s'efforça de garder son calme.
-Oui! Appelez ça comme vous voulez. Je disais donc que je vous offre la possibilité de prendre une part active dans la direction de la flotte. Nous savons que vous avez une certaine expérience du combat, ça ne pourra que nous être utile. Si vous vous pliez à notre commandement, nous vous confierons un poste important.
-Inutile d'essayer de m'acheter, Osem. Si vous regrettez déjà vos actes, abandonnez votre poste et remettez-moi le commandement de la flotte, ça me suffira et peut-être que je ne serais pas trop sévère avec vous.
Impérator avait prononcé ces dernières paroles avec une audace comparable à celle d'Osem. Le jeune homme en parut d'ailleurs surpris, mais son visage s'éclaira à nouveau d'un grand sourire méprisant, et d'un air hautain, il répondit:
-Je ne regrette pas mes actes. C'était nécessaire. Les hommes usés doivent être remplacés. Très bien, puisque vous refusez mon offre, je vous laisse croupir dans votre chambre. Je tiens à vous préciser qu'au cas où cette idée vous traverserait l'esprit, je reste maître de la situation, je contrôle toute la troupe et vos petits chevaliers sont tenus en joue. Il est donc inutile d'esperer pouvoir renverser la situation, vous êtes seul.
-Et bien... espérons alors que le nouveau chef de cette flotte saura se montrer à la hauteur de son poste, aussi bien face aux évènements intérieurs... qu'extérieurs.
Impérator se redressa et se dirigea vers la sortie. L'assemblée avait les yeux braqués sur lui. Il ouvrit la porte et se retourna au dernier moment.
-Puis-je être au courant des décisions du nouveau commandant au moins? demanda-t-il avec mépris. Peut-être pourrais-je le conseiller?
-Pourquoi pas? ricana Osem. je pense que nous ne courons pas de risque à vous informer. Nous allons commencer par mettre fin à cette partie de cache-cache avec le prince, ça a assez duré! Je vais m'assurer que la flotte est en état de partir, puis nous effectuerons un dernier saut, vers une planète de l'Empire où je ferai état de votre incapacité à mener votre mission et diriger.
-Ah! Un beau programme! Mais je serai vous, je ferai vérifier chaque vaisseau, dit-il avec un sourire qui se voulait cruel, il se pourrait que l'ancien chef de cette flotte ait prévu cette mutinerie et... qui sait, peut-être a t-il préparé quelques sabotages ou autres manoeuvres pour freiner l'ascension de son successeur? Bonne journée, messieurs!

Il quitta cette assemblée dont les visages devinrent incertains suite à ce dernier sous-entendu. A la fois satisfait et en colère, Impérator rejoignit sa chambre qu'il ne quitta pas de la journée. Il remarqua, non sans une certaine fierté, que son coup de bluff avait marché. En ce moment, tous les vaisseaux de la flotte devaient être inspectés dans les moindres détails par les officiers qui, inquiets, cherchaient un explosif imaginaire ou quelque chose susceptible de stopper la marche voire même endommager la flotte.
Cela immobiliserait sûrement pendant plusieurs jours la flotte, juste au-dessus de Simnor, -dont Osem ne soupçonnait même pas l'existence-, qui ne pourrait manquer de repérer cet important rassemblement de vaisseaux menaçant et alerter le prince Lathan. Peut-être celui-ci était-il déjà en route.

Deux jours passèrent, deux jours où il ne se passa rien. Impérator ne quitta pas sa chambre une seule fois. Il reçut la visite de son second, Peeve, qui lui donna quelques nouvelles de la flotte et des décisions d'Osem. Apparemment, ils étaient toujours à la recherche d'un éventuel sabotage, car Impérator reçut même la visite d'un autre de ses officiers qui, de façon très maladroite, essaya de lui tirer les verres du nez par des questions détournées. En vain! Mécontent, voyant que sa technique ne marchait pas, il quitta rouge de colère un Impérator plus insolent et audacieux que jamais qui réussit à renforcer le doute au sein de l'état-major.

C'est le troisième jour qu'arriva un évènement important, au milieu de la nuit. Bien sûr, dans l'espace, ces notions de nuit et jour n'existaient plus, mais il y avait quand même à bord un cycle quotidien artificiel programmé suivant le cycle local d'Hypori. Il y avait donc des heures consacrées au sommeil des effectifs, correspondant à une nuit hyporienne, et des heures consacrées à l'activité, correspondant au jour sur Hypori. On se trouvait précisemment à la moitié de la période de sommeil, où la plupart des soldats occupaient donc leurs couchettes et où la garde du vaisseau et la surveillance des radars longue et courte portée étaient donc particulièrement réduites. C'est à ce moment qu'une vague de panique et de désordre s'empara de la flotte.
Impérator fut réveillé par le raclement des bottes contre le sol des soldats qui couraient dans tout les sens hurlant de panique tandis que les officiers tentaient de rétablir l'ordre, essoufflés à force de brailler des instructions à tue-tête. Une alarme stridente résonna, puis la voix insupportablement confiante d'Osem fut diffusée dans tous les hauts-parleurs de la flotte, demandant aux hommes de retrouver leur calme et de rejoindre leur poste de combat. "Tout va bien" assura-t-il.

Impérator quitta son lit et s'habilla. Puis il alla voir au travers de son hublot ce qu'il se passait.
Ce n'était pas difficile à comprendre, une vingtaine de vaisseaux, dont trois croiseurs lourds de guerre, barraient la route de la flotte impériale en formant un demi-cercle devant elle.
Le silence revint, un silence angoissant mais habituel qui précédait chaque bataille. Le seigneur Impérator commença à s'inquiéter, son plan ne se déclenchait pas tout à fait comme prévu. Où se trouvait la force de Lockys? En y réfléchissant bien, la cité n'avait peut-être pas les moyens d'atteindre une flotte aussi éloignée que la sienne. La flotte de Lathan semblait égale à celle d'Hypori, peut-être même plus faible. Il fallait absolument que Lockys intervienne, ou l'Empire serait vainqueur. Impérator s'étonnait lui-même, c'est bien la première fois qu'il redoutait une victoire de l'Empire!

Pendant dix minutes, il ne se passa rien. Puis, un des croiseurs ennemis s'avança. Il déploya un large panneau metallique, d'au moins dix mètres de long sur cinq mètres de large. Plusieurs lumières de couleurs différentes s'illuminèrent à différents endroits précis du panneau. Il s'agissait d'un système de communication spatial rudimentaire fonctionnant à l'aide de combinaisons de couleurs. Ici, les trois points lumineux rouges formant un triangle combiné aux deux points lumineux bleus signifiaient tout simplement: "capitulez ou mourez"! Connaissant osem, Impérator se doutait que le combat serait inévitable. Et il ne se trompait pas, car un coup de semonce provenant du croiseur "Fierté" fut tiré, menaçant de détruire la flotte du prince si elle ne se dispersait pas. L'effet fut immédiat. Le croiseur ennemi replia son panneau de communication et pivota de manière à oritenter son flanc tribord vers la flotte de l'Empire. Dans un vacarme infernal, toute l'aile droite du navire de guerre s'illumina de couleurs rouge et verte, des centaines de lasers parcoururent l'espace et heurtèrent les navires hyporiens. Le "Tauntaun" riposta avec la même hargne, imité par les autres engins de l'Empire. L'échange de salves dura vingt bonnes minutes, les navires hyporiens tentèrent de briser le demi-cercle, mais en vain. Au contraire, sous le commandement inexperimenté d'Osem, les navires durent faire demi-tour afin de s'éloigner des canons ennemis bien trop puissants et trop près, mais la manoeuvre fut tellement maladroite que la flotte subit l'intégralité du feu ennemi sans pouvoir riposter. Plusieurs croiseurs légers explosèrent sous le choc, un autre fut immobilisé, attendant désespérément que son sort soit définitivement réglé.
La flotte subit une nouvelle salve avant de revenir à sa position initiale. "La stratégie "osemienne" n'était pas glorieuse!" pensa Impérator, toujours le nez plaqué contre son hublot. La situation empirait même, en plus des pertes importantes, de l'inefficacité de la manoeuvre et du temps bêtement perdu, la bataille allait très largement en faveur du prince, qui avait profité de la retraite ennemie pour boucler le cercle et le resserrer. La flotte hyporienne tira quelques derniers coups, puis le calme revint. Elle tenta tant bien que mal d'adopter une formation défensive en triangle, avec un croiseur lourd pour chaque sommet. Impérator dut reconnaitre à contrecoeur qu'Osem avait bien mené cette opération. Le cercle de Lathan se trouvait désormais face à un solide triangle de vaisseaux qui semblait indissoluble. Un calme complet revint, des deux côtés, les canons
s'étaient tus.
Une nouvelle détonation violente résonna alors. Mais elle ne provenait pas de la flotte ennemie, elle venait d'autre part, Impérator avait une vague idée, mais il ne préferait pas trop s'avancer. L'impact fut violent, l'enorme croiseur de guerre se mit à trembler, Impérator manqua de tomber. Les lampes de sa chambre grésillèrent avant de s'éteindre définitivement, le ronronnement des réacteurs stoppa, la fine lueur bleue qui recouvrait le croiseur -il s'agissait du bouclier- disparut.
"Un canon à ïons!" s'exclama Impérator, se rejouissant de voir que Lockys intervenait enfin, mais redoutant en même temps ce qui allait suivre. Il vit à travers son hublot l'espace s'illuminer de rouge et de vert, dans un effroyable boucan, les canons des croiseurs ennemis tirèrent à toute puissance sur le "Tauntaun". Plusieurs explosions retentirent, puis il y en eut une particulièrement forte et longue. Le vaisseau fut secoué violemment, le hublot de la chambre d'Impérator se fissura, juste avant qu'il n'explose, un volet metallique le recouvrit, plongeant le jeune seigneur dans une obscurité complète.
Le silence revint, on entendait seulement le feu grésiller quelque part dans le vaisseau. Le seigneur Impérator se releva et se précipita vers la porte de sa chambre. Dans le couloir, des dizaines d'hommes, paniqués, couraient dans tout les sens en hurlant que leur fin était proche, suppliant que l'Espace les épargne. Visiblement, le désordre s'était emparé du navire de guerre. On entendit pour la seconde fois Osem s'adresser à la troupe par l'intermédiaire des hauts-parleurs:
"Gardez votre calme, regagnez votre poste. Notre croiseur tient bon. Un vaisseau parlementaire ennemi arrive vers nous pour négocier. Soyez patient, nous allons sortir de là..." dit-il. Mais sa voix n'était pas celle dont Impérator avait l'habitude, elle était bien moins assurée, régulière. Osem avait peur, ça se voyait.

Impérator regarda à travers la baie vitrée du couloir, un petit transporteur ennemi s'approchait effectivement du lourd croiseur. Son plan semblait marcher, Lathan, par cette décision de négocier, simplifiait même les choses. Le courant n'était toujours pas revenu. La prochaine salve serait fatale.
Les soldats regagnèrent petit à petit leur calme, mais ils restaient très peu confiants. Ceux qui croisèrent Impérator ne cherchèrent même pas à l'arrêter. Pendant une bonne demi-heure, il ne se passa rien. Osem et son état-major devaient être en train de discuter fermement avec les chevaliers du prince. Il profita de cette période de calme pour trouver Serduss et ses chevaliers.
-Vous voilà! S'exclama Serduss en le voyant. Vous aviez bien vu, mon ami, la bataille fait rage!
-Lathan est en train de négocier avec Osem. Je ne sais pas ce qui se trame, mais j'ai besoin de vous. Ordonnez aux chevaliers de rejoindre un hangar et de se préparer à quitter le croiseur.
-Nous partons?
-Non! Mais il faut en donner l'impression. Faites vite, j'aurai besoin de votre soutien après.
Serduss s'exécuta. Les chevaliers se mirent en route en rangs ordonnés.
Le jeune Impérator revint dans le couloir, il croisa le commandant Peeve qui sembla heureux de le trouver. D'un ton grave et anxieux, il dit:
-Osem réclame votre présence.
-Vraiment? demanda Impérator en feignant la surprise, il ne put réprimer un sourire satisfait. Et que me veut-il?
-Et bien... Il est très en colère, je crois qu'il vous soupçonne de nous avoir trahi... Les emissaires ennemis ont rejoint notre vaisseau.
-Les négociations ont eu lieu?
-Oui monsieur. Et il semblerait qu'Osem ait trouvé un moyen de s'en sortir, à vos dépens! Rien de bon pour vous, j'en ai bien peur...
-Nous verrons! Que pensez-vous de la bataille?
-Un désastre! Je savais bien qu'Osem était un incompétent, mais en arriver là!
-Le vent tourne?
-Pour lui, oui. La troupe est paniquée, mais la colère va vite revenir. Cette bataille n'est pas bon du tout pour son image. Vous pouvez me croire, sa popularité n'existe plus!
-Parfait!
-Mais cela ne vous sort pas plus de l'ennui, monsieur. Comment allez-vous vous sauver? Entre les griffes de Lathan, votre situation ne sera pas plus avantageuse.
-Nous verrons, Peeve, nous verrons... Nous arrivons. C'est bien la salle de conférence, n'est-ce pas?
-Oui, monsieur. Entrez.

La porte coulissante s'ouvrit dans un grincement sinistre, dévoilant un Osem qui ne souriait plus du tout, son visage était figé d'une horrible grimace mécontente.
-Vous nous avez trahi! s'exclama-t-il avec colère lorsqu'Impérator pénétra dans la grande pièce.
C'est la première fois qu'Impérator voyait le jeune Osem dans cet état. Les officiers demeuraient silencieux, impassibles pour certains, mais la plupart avaient le visage baissé et essayaient de se faire tout petit, comme s'ils avaient honte.
-Vous êtes un traitre! reprit osem de plus belle.
-Vraiment? répondit Impérator d'un ton détaché.
-Ne niez pas! Vous saviez parfaitement que nous nous trouvions à portée de tir d'une cité fortifiée, et pas n'importe laquelle, celle du prince Lathan! Vous saviez que sa flotte viendrait à notre rencontre, vous avez fait en sorte que notre flotte soit prise entre deux feux. Vous avez fait en sorte que nous soyons pris au piège! (Osem respira un grand coup, comme s'il cherchait à retrouver son calme. Ses mains tremblaient, animées par la colère). J'ignore quelles étaient vos intentions, ce que vous comptiez faire, mais quoi qu'il en soit, vous êtes perdu, pris à votre propre piège! Figurez vous que le prince Lathan lui-même est à bord de notre vaisseau. J'ai négocié avec lui. Ca n'a pas été facile, ça a duré longtemps, mais nous avons fini par nous entendre, nous avons un accord qui nous arrange parfaitement, lui et moi. Vous allez quitter le vaisseau, Impérator, vos petits chevaliers et vous. Vous êtes l'objet de notre accord. Ce que Lathan veut, c'est votre capture. En échange de votre liberté, il nous laissera partir, indemnes! Vous voyez, vous aviez peut-être un formidable plan, mais c'est fini. Il ne fallait pas me prendre pour un imbécile Impérator, je suis capable de négocier. Je vous ai dit que je resterai maître de la situation, j'avais raison! La flotte est toujours à moi, nous allons pouvoir partir, et mieux encore, je ne vous aurai plus sur mon chemin!
Une lueur démente passa dans les yeux d'Osem, il regardait son adversaire avec un horrible sourire cruel.
-Alors vous comptez faire de moi et de mes chevaliers les esclaves de Lathan? C'est tout ce que vous avez trouvé pour réparer vos erreurs?
-Je n'ai commis aucune erreur! hurla-t-il avec force, plusieurs officiers sursautèrent.
-Et qui vous dit que je vais accepter cet accord? Qu'est-ce qui vous fait croire que mes chevaliers et moi allons nous laisser faire?
-La troupe ne vous laissera pas le choix! Elle sait que vous êtes son seul moyen de fuir. N'allez surtout pas vous imaginer que la troupe se lamentera sur votre sort, au contraire elle vous sacrifiera sans crupule. Essayez de refuser et elle vous écharpera! Vous voyez donc, cher ami, que vous n'avez rien d'autre à faire qu'accepter votre sort. Qui sait, peut-être que Lathan ne sera pas trop dur avec vous?
La grimace mécontente d'Osem laissa place à un visage triomphant, le jeune officier retrouva son habituel air hautain. Impérator demeurait impassible, le discours d'Osem ne sembla pas l'atteindre le moins du monde, il jeta même à son adversaire un regard étrangement amusé.
-Je dois avouer que c'est bien joué de votre part, dit-il avec franchise. Vous êtes parvenu à réaliser trois choses importantes à vos yeux en très peu de temps avec, il serait malhonnete de ne pas le dire, beaucoup de talent. D'un vous parvenez à prendre le contrôle de la flotte sans difficulté, de deux vous trouvez un moyen de m'écarter définitivement de votre route, et de trois vous réussissez à sauver la flotte de la destruction grâce à d'habiles négociations avec l'ennemi, ce qui aura sûrement pour effet de réhausser votre prestige, surtout après la bien piètre bataille que vous venez de livrer à l'ennemi. C'est très bien joué!
-Venant de vous, ça ne peut que me flatter! Mais n'allez pas croire que ce sont quelques compliments qui vont vous sortir de là, Impérator...
-Je n'ai pas fini! coupa le seigneur Impérator avec brusquerie, en se redressant. Vous vous êtes très bien débrouillé, certes, mais vos réussites que j'ai énuméré précedemment ne sont qu'éphémères, car l'accord que vous avez conclu avec Lathan ne vaut rien.
Impérator prononça ces derniers mots lentement, pour être sûr qu'ils auraient leur effet sur Osem. Mais ce dernier haussa les sourcils et, d'une voix narquoise, s'exclama:
-Tiens donc! Et pourquoi?
-Oh ce n'est pas bien compliqué. Votre plan aurait parfaitement marché si vous aviez à traiter avec des gens normaux. Malheureusement, vous traitez avec des chevaliers. Il faut savoir que les chevaliers respectent à la lettre un code sacré très strict. Lorsque deux chevaliers de l'Ordre se disputent le pouvoir, il existe un défi armé réglementé afin d'appaiser le conflit. La règle est simple, les deux prétendants s'affrontent dans un duel à l'épée. Celui qui remporte le défi s'impose comme seul maître de l'Ordre, et les chevaliers qui soutenaient le perdant doivent se joindre à la cause du gagnant. Ca fait parti du code. Mais ces défis ne règlent pas que les questions de pouvoir, en cas de guerre au sein de l'Ordre, comme c'est le cas actuellement, les deux chefs adversaires peuvent aussi donner des conditions précises, celui qui gagne obtient ce qu'il a demandé. Ces défis ont une très grande importance aux yeux des chevaliers.
-Qu'est-ce que cela change? s'exclama Osem avec fureur. Vous l'avez dit vous même, j'ai gagné, j'ai réussi ce que JE voulais réussir!
-Cela change tout! Je vais défier le prince Lathan. C'est un chevalier, un homme courageux et déterminé, il ne refusera pas. Mes conditions seront les suivantes: si je gagne, mes chevaliers et moi serons liberés, nous pourrons rejoindre la flotte impériale et repartir, indemnes. Les hommes de Lathan, car si je gagne le prince ne sera normalement plus de ce monde, s'engageront à nous laisser filer sans nous poursuivre, sans ouvrir le feu sur nos bâtiments. Ainsi, mon cher Redric, de vos petites victoires, il n'en restera rien. Non seulement vous ne pourrez en profiter, mais en plus elles se retourneront contre vous! Ce n'est pas vous qui allez passer pour le sauveur de la flotte, c'est moi! Rien que moi! En défiant au péril de ma vie le prince Lathan. Ainsi, votre troisième victoire sera réduite à néant, les hommes ne se souviendront de vous que comme un piètre amiral de flotte qui n'est même pas parvenu à infliger des dommages à l'ennemi, cela met fin par la même occasion à votre prestige. Mais ce n'est qu'un tiers des conséquences de ce défi. Vous pensiez ne plus jamais me revoir sur votre route? Et bien me revoilà! Comme sauveur de la flotte, comme tueur de prince! De quoi faire disparaitre définitivement toutes les choses malveillantes que vous auriez pu dire à mon égard afin de me rendre impopulaire. Et enfin, je mettrai fin à votre ultime ambition en vous détronant tout simplement. Je pourrais décider de punir tout ceux qui se sont rebellés contre moi, en vous incluant dans les conditions du défi par exemple, mais je préfère vous épargner, j'ai besoin de tous nos hommes pour faire fonctionner la flotte et je ne tiens pas à paraitre cruel. D'ailleurs, j'estime que vous seul, Osem, êtes responsable de cette mutinerie. Les hommes avaient besoin de relâcher la pression, gueuler un bon coup, ça fait toujours du bien et ça permet de repartir de plus belle ensuite! Mais je ne vous offre pas votre survie, Redric, en échange, vous quitterez votre poste, vous et tous les membres de l'état-major, hormis le commandant Peeve, et vous vous engagerez à ne plus rien faire jusqu'à ce qu'on vous dépose sur une planète de l'Empire où vous vous
débrouillerez avec l'administration. Bien évidemment, je reprendrai mon statut initial et la flotte retournera sous mon contrôle. La mutinerie a donc échoué, je récupère le pouvoir, l'équipage sait qu'il pourrait être puni par l'Empire pour rebellion, il se tiendra donc tranquille et acceptera mon retour. Voilà Osem! C'est tout simple! Vous voyez, que restera-t-il de votre action? Rien!

Les officiers braquèrent sur Impérator des yeux sidérés, Osem palit brusquement.
-Je vous arrêterai! s'exclama-t-il brusquement avec un élan de colère en frappant du poing sur la table. C'est trop facile! Vous n'en réchapperez pas! La troupe est toujours avec moi et...
-La troupe n'est plus avec vous! coupa séchement Impérator. Vous ne m'arrêterez pas. J'irai combattre le prince à bord de son navire et je gagnerai. Vous pourriez éventuellement refuser de reconnaitre le défi, ma victoire, et prétendre garder le commandement. Mais si vous rejettez ma victoire, mes chevaliers et moi partirons à bord d'un transporteur libre, tandis que le feu ennemi jailliera sur vous. Imaginez un peu la réaction de l'équipage si jamais vous prenez une telle décision! En agissant ainsi, vous détruiriez leur seule chance, et ça, l'équipage n'aimerait pas. Si une telle idée vous traversait donc l'esprit, il faut l'oublier. Dans votre intérêt bien sûr! Libre à vous de vous faire pendre par vos propres hommes au sommet de l'antenne de communication du croiseur si ça vous chante! Moi, je m'en lave les mains! Dans tout les cas, je suis libre!
Impérator fixa Osem d'un air vainqueur. Heureux, il ne se retint pas d'afficher un sourire triomphant. Osem redevint rouge de colère, cette fois, il était complètement dément. D'un geste brusque, il balaya la table et envoya au sol les verres qui se trouvaient dessus. Puis il essaya tant bien que mal de retrouver son calme. Il se redressa et rapprocha sa tête d'Impérator. Sur un ton de défi, il dit:
-Vous n'avez pas encore gagné. Le prince est un habitué de ce genre de combat, il vous tranchera la tête. Y avez-vous seulement pensé?
-Ca ne sera que pire pour vous. Si je perd, mes chevaliers rejoindront le prince, vous vous trouverez face à une armée plus puissante. Je trouverai bien les mots pour persuader le prince qu'au cas où il gagnerait, s'emparer de notre flotte serait une bonne chose. Si je perd, la flotte perd. Je suis votre seule solution,
je dois gagner, et vous, vous devez perdre.
Osem hurla avec démence:
-JE serai le sauveur! Je défierai le prince à votre place, je serai l'unique solution pour la survie de la flotte!
-Oh, je vous aurai volontiers prêté mon épée, répondit Impérator avec ironie, mais vous n'êtes pas chevalier, ni un des maîtres de l'Ordre, c'est donc impossible.
Une lueur de désespoir passa dans les yeux du jeune officier Redric Osem. D'une voix gémissante, comme s'il voulait persuader la mort de ne pas l'emporter, il dit:
-Vous ne pouvez pas faire ça... Vous êtes reponsable de cette bataille, de cette mutinerie, vous nous avez trahi...
-Suffit! s'exclama Impérator d'un ton autoritaire et impitoyable. Je ne trahis que ceux qui m'ont trahi. C'est vous qui avez déclenché cette mutinerie, et personne d'autre! Cette bataille a été lamentable, n'importe quel officier compétent aurait pu éviter les pertes que nous avons subi. Mais vous êtes un incompétent, Osem,
et vous l'avez dit vous même, les hommes usés doivent être remplacés. C'est fini, faut vous y résoudre. Vous avez joué, vous avez perdu.
Osem retomba au fond de son siège, complètement abattu, le regard dans le vide. Il avait retrouvé son calme. Il semblait avoir compris qu'il avait perdu.
Mais soudain, son visage reprit des couleurs, il se redressa et dans un ricanement complètement dément, cruel, il dégaina son pistolaser, le pointa vers Impérator et déclara, comme si une idée diabolique venait de lui traverser l'esprit:
-Sombre idiot! Vous n'avez même pas songé que je pourrais vous tuer! Le défi n'existera pas car vous n'irez pas pour la simple raison que vous serez mort! La solution est simple!
Impérator se mit à rire à son tour, mais pas d'un rire cruel. Il s'agissait d'un rire narquois. Impérator se moquait éperdument du blaster pointé vers lui.
-Le prince nous attend, juste derrière cette cloison, n'est-ce pas? Croyez-vous qu'un tir de blaster passera inaperçu? Croyez-vous qu'il prendra bien le fait que vous tirez sur ses prises de guerre? Je fais parti de l'accord que vous avez conclu avec lui, si vous me supprimez, vous mettez fin au marché. Et puis
mes chevaliers se révolteront si leur chef est tué en dehors d'un défi, ils se battront jusqu'à la mort plutôt que se soumettre aux ordres de Lathan. Et Lathan le sait, il connait ma valeur. Il espère prendre le contrôle de mes chevaliers, pour ça, qu'une seule solution... moi. Et même si Lathan ne réagit pas, les chevaliers se frayeront un chemin vers vous et vous liquideront. Pas de solution Osem! Sauf moi!
Osem demeura bouche bée, les officiers venaient de se lever, menaçants. L'un d'eux porta sa main sur son blaster et menaça Osem du regard. Mais il fut inutile de dégainer la moindre arme. C'est cette réaction des officiers qui lui fit retrouver la raison. Il était définitivement seul. Son regard se chargea de déception, pas de haine, juste de déception. Il comprenait à quel point il s'était trompé. Il jeta son arme au sol et, sans bruit, sans geste, quitta la salle d'un pas lent. On sentait une certaine culpabilité dans sa démarche, il baissa la tête et n'adressa aucun regard à ses anciens camarades de mutinerie.
Osem avait perdu.

Les officiers restèrent debout et attendirent cérémonieusement la décision d'Impérator.
D'un ton calme mais ferme, celui-ci déclara:
-Je vois que vous avez retrouvé la raison, messieurs, et je vous en félicite. Vous avez fait le bon choix. Mais vous m'avez aussi trahi, vous vous êtes fait complices d'Osem. Je ne changerai pas ma décision à votre égard, même si je tiens à vous dire que je vous suis très reconnaissant à propos de votre dernière décision.
Les officiers sortirent alors sans protester, avec noblesse au contraire.
Impérator se retrouva alors seul avec le commandant Peeve. Ce dernier se permit de rompre le silence.
-Vous m'avez époustouflé! dit-il d'une voix sincère en s'approchant. Du grand spectacle! Et moi qui vous voyais déjà esclave personnel du prince Lathan! Mes félicitations, monsieur.
-Merci, Peeve.
-Mais j'aimerais vous poser une question: pourquoi avoir cherché à déclencher cette mutinerie? car vous saviez parfaitement qu'en décidant d'effectuer le saut sans l'avis de l'état-major, vous seriez contesté.
-Je vais me répeter, mon cher Peeve, mais cette mutinerie était inévitable. Les hommes en avaient plus qu'assez, et Osem préparait cette manoeuvre depuis un bon moment, tout le monde le savait. Valait mieux précipiter les choses et faire en sorte que la mutinerie soit déclenchée par des officiers ayant un contrôle parfait de la situation, ainsi, ça limiterait les dégâts considérablement. Si on aurait trop attendu, ça aurait pu partir d'un coup, un soldat se serait mis à protester, il aurait été suivi par un autre, puis encore par un autre et ainsi de suite, une mutinerie violente, sans autre recours que la force aurait alors existé. Osem s'est chargé de tout, il a pris la mutinerie en main, les soldats n'avaient rien de plus à faire qu'attendre, en semant un peu le désordre pour se défouler et avoir l'impression d'avoir été actif, mais ça excluait au maximum la violence. De plus, Osem commençait sérieusement à m'agacer. Il contestait chacune de mes décisions, il me faisait perdre mon temps et me rendait impopulaire auprès de la troupe. Il était grand temps de le mettre de côté, et quoi de mieux pour cela que de le vaincre en public, au moment même où il semblait invincible, imparable? Osem a perdu, c'est ce que je voulais.
-Mais n'avez-vous pas peur qu'il recommence? La troupe l'appréciait beaucoup.
-Vous employez vous-même le passé. Sa popularité n'est plus. Aujourd'hui, et pour toujours dans cette flotte, il restera l'homme qui a perdu la bataille contre le prince. Il a montré qu'il n'était pas apte à mener une bataille. Il s'est discrédité lui-même par cette bataille. Un officier a beau être apprecié pour son audace,
faut bien qu'il soit capable de mener une bonne bataille, sinon il n'a rien à faire dans l'armée. Et même si certains soldats peuvent encore l'apprécier, le soutenir, ils savent que je pourrais très bien les faire punir. L'armée impériale, comme toute autre institution militaire normale, sanctionne ses soldats qui se muutinent.
Leur mutinerie n'aura, au final, rien donné d'efficace, elle s'est retournée contre eux. Ils savent qu'ils doivent se tenir à carreau. Ils ne chercheront plus à soutenir Osem, ce serait trop dangereux pour eux. Les officiers supérieurs ne le soutiennent pas plus. Ils garderont sûrement un souvenir très amer de cette bataille.
Il est préferable pour leur carrière de tourner la page définitivement sur ce chapitre. Osem est donc définitivement seul. Mais je crois qu'il a retenu la leçon, il était trop sûr de lui, il aura du mal à se relever. Qui aurait pu croire qu'un homme comme lui puisse échouer?
-Je vous conseillerai quand même de rester prudent avec lui, n'oubliez pas que, quelques minutes seulement auparavant, son blaster était pointé sur vous, prêt à faire feu.
-Oui! Je ne m'attendais pas à ça. Il m'a beaucoup déçu. Mais je ne pense pas qu'il aurait tiré, c'était un élan de colère. En très peu de temps, j'ai balayé tout ce qu'il avait réussi, je l'ai humilié. Il a cherché à me faire peur, à brandir sa dernière arme, par amour-propre, afin d'essayer de se persuader lui-même qu'il lui restait un moyen de pression. J'ai pensé un moment, lorsqu'il vit que cette dernière arme n'avait pas plus d'effet, qu'au contraire il perdait même le soutien de ses officiers, qu'il mettrait fin à ses jours lui-même. Mais Osem n'est pas assez lâche pour en arriver là, il accepte sa défaite, j'en suis sûr, et il ne tentera rien d'autre car il est intelligent. Il y a de grandes chances qu'il ne quitte plus sa cabine avant notre prochaine arrivée sur une planète impériale. Il va passer le reste de son temps à bord à se tourmenter en repensant sans cesse à tout cela. Il regrette certainement ce qu'il a fait, il s'en veut d'avoir subi un échec aussi violent et inattendu que celui-ci, c'est la pire punition qu'on pouvait lui infliger. D'un côté, je le plains un peu, et d'un autre -je vais peut-être vous paraitre cruel-, je suis satisfait. Me voilà enfin seul, plus personne ne viendra se mettre sur ma route... pour l'instant. Mais assez parlé! Je savourerai ma victoire plus tard. Ne laissons pas le prince attendre davantage!

Et d'un pas triomphant, joyeux, Impérator s'engagea vers l'autre porte d'une démarche décidée.


H-RP:Voilà! très long! Je m'en aperçois moi-même en le divisant pour le faire tenir dans les posts. Désolé pour la longueur, mais comprenez qu'il faut bien occuper les longues soirées d'hiver
J'attend les critiques (positives comme négatives, toutefois, la première option me plairait davantage^^) des quelques courageux qui auraient la sympathie de me lire jusqu'au bout.
Merci à ceux qui m'ont suivi jusqu'à maintenant. Je vous ferai une suite plus tard si ça vous plait, mais pour l'instant, faut bien vous laisser une semaine ou deux histoire de me finir